Baleines : elles ne sont pas encore dans leur assiette

20 juin 2006

58ème réunion plénière de la Commission Baleinière Internationale
Saint-Kitts-et-Nevis

Une coalition hétéroclite s’est acharnée à faire passer au sein de la Commission Baleinière Internationale (CBI) une résolution favorable au respect de la diversité culturelle, de l’autonomie alimentaire et des objectifs de la Convention tels qu’ils étaient entendus en 1946 : la routine ! Sauf que parmi les 10 considérants de cette résolution, le 5ème déclare tout de go sans validation scientifique ou juridique que la suspension de la chasse à la baleine ne se justifie plus. Malgré ce couac orchestré par le Japon, la Norvège, l’Islande, la Russie et un cortège de nations s’apparentant de plus en plus dans le fond et dans la forme aux pavillons maritimes de complaisance, le bilan de la 58ème Commission Baleinière Internationale est positif.

– Le projet français de sanctuaire baleinier dans les Zones Economiques Exclusives a été présenté et ouvert aux autres nations caraïbes.

– La proposition japonaise de vote à bulletin secret a été rejetée malgré l’appui de la Norvège et de l’Islande.

– La proposition japonaise d’abolir le sanctuaire en Antarctique a été rejetée.

– La demande japonaise portant sur un quota de 150 rorquals de Minke a été rejetée.

– La demande japonaise portant sur un quota de 150 rorquals de Bryde a été retirée.

– La proposition japonaise de retirer de l’agenda de la CBI les marsouins et les dauphins a été rejetée.

– Le comité scientifique et le comité de conservation continuent à explorer, à inventorier et à dénoncer les risques des pollutions acoustiques des exercices navals militaires et des campagnes sismiques de prospection sous-marine d’hydrocarbures ainsi que les risques de collision entre les baleines et les navires, notamment les navires à grande vitesse.

– Un atelier dédié aux maladies infectieuses et autres risques sanitaires susceptible d’atteindre les baleines va être organisé avant la prochaine réunion annuelle qui se tiendra en Alaska.

– Le comité scientifique préconise de collecter des informations scientifiques par l’utilisation opportuniste des baleines prises accidentellement dans des engins de pêche ou des macro-débris.

Pour une réunion plénière se tenant comme une embuscade au cœur du périmètre d’influence japonaise, – Saint-Kitts-et-Nevis avait été choisie au détriment de La Rochelle – la casse est jusqu’alors limitée, voire nulle.

Mais le bloc anti-baleines constitue une menace grandissante par sa diversité géographique et la mauvaise foi de son argument principal qui vise à rejeter sur les baleines l’appauvrissement des ressources halieutiques et une partie de la famine dans le monde. Il propage aussi l’imposture de la chasse dite scientifique. Le projet japonais de « normaliser » la CBI – c’est-à-dire le retour aux motivations d’origine de répartition des protéines baleinières – et donc de réunir tous les pays alignés pourrait déboucher, s’il n’y est pris garde, sur une prise en otage de la Commission Baleinière Internationale ou sur son dédoublement. C’est pourquoi toutes les organisations non gouvernementales qui ont pour vocation de protéger la biodiversité marine doivent renouveler et consolider leurs arguments, leurs moyens et leur unité.

Le bloc anti-baleines : Japon, Islande, Norvège, Russie ; Côte d’Ivoire , Bénin, Cameroun, Gabon, Gambie, Guinée, Mali, Maroc, Mauritanie, Togo ; Antigua-et-Barbuda, Dominique, Grenade, Nicaragua, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent-et-Grenadines, Sainte-Lucie, Surinam ; Cambodge, Mongolie ; Iles Marshall, Iles Salomon, Kiribati, Nauru, Palau, Tuvalu.

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