Boues rouges

20 oct. 2010

Boues rouges en Hongrie – Communiqué n°2

 

L’ingérence écologique en Hongrie est nécessaire. Les boues rouges d’Ajka contiennent notamment des teneurs importantes en soufre (environ 3.000 mg / kilo), en chrome (600 mg / kilo), en nickel (200 mg / kilo), en arsenic (100 mg / kilo) et en mercure (1 mg / kilo). Cet épandage représente pour les populations des risques sanitaires qui ne peuvent pas être considérés comme négligeables. Si l’on estime que la moitié du déversement a recouvert des surfaces agricoles d’une superficie de 5.000 hectares, chaque hectare est en moyenne recouvert par 500 tonnes de déchets. Ceci est un ordre de grandeur.

En conséquence, les boues rouges « neutralisées » et décantées qui, selon le lobby de l’aluminium, peuvent servir d’amendement des sols sont en fait dans ce cas particulier un poison et une bombe à retardement pour les chaînes alimentaires. D’ailleurs, au vu des composants de ces boues rouges et même en tenant compte de la grande variabilité des minerais de bauxite, il n’est pas interdit de penser que d’autres déchets aient été stockés dans le réservoir accidenté.

Les bricolages, les actions désordonnées de l’industriel et des autorités hongroises et leurs projets incertains esquissent un avenir inquiétant pour les populations du Nord-Ouest de la Hongrie, pour les activités agricoles, pour le bétail, et pour la qualité des eaux superficielles et souterraines. Un Etat-membre de l’Union Européenne qui présidera l’Union à partir de janvier 2011 ne peut rester ainsi sans directives et sans programme de réhabilitation immédiate et de suivi à long terme des zones sinistrées.

La Hongrie sollicite et obtient des fonds européens dans le domaine de la protection de l’environnement ; il n’est pas sûr qu’elle les emploie toujours à bon escient. Elle doit maintenant prendre le plus vite possible des initiatives pour réparer le désastre des boues rouges. Ces travaux devront être financés dans le cadre du principe pollueur-payeur défini dans la directive européenne sur les résidus des activités extractives. Au titre des actions prioritaires s’imposent:

– le décapage des boues sur les zones agricoles et dans les milieux naturels, et leur confinement dans un lieu de stockage spécifique.
– le regroupement des déchets verts, des gravats et des encombrants pollués.
– l’interdiction formelle des brûlages à ciel ouvert des déchets de submersion.

Ce type d’accident peut intervenir dans tous les pays* . Les ruptures de digues libérant dans l’environnement des effluents toxiques ou des masses liquides susceptibles d’inonder les milieux naturels ou habités arrivent dans la plupart des cas pendant ou après des épisodes de fortes pluies, de fonte des neiges ou d’autres évènements climatiques exceptionnels. Dans le cas de la rupture des digues de ce vieux réservoir, les conséquences différées des pluies diluviennes de mai et juin 2010 qui ont touché en Hongrie les régions aujourd’hui sinistrées par la catastrophe industrielle n’ont hélas pas déclenché une attention particulière, ni des procédures d’alerte et d’information auprès des habitants.

*Voir :
– ARIA : fiche 36208 (France, 11, Salsigne), 37980 (Kazakhstan), 33000 (France, 49, Beaupréau), 31750 (Chine), 28364 (Etats-Unis), 26764 (France, 11, Narbonne), 21631 (France, 90, Eloie), 17425 (Roumanie), 12831 (Espagne), 7470 (France, 46, Saint-Denis-Catus), 7202 (Guyana), 17265 (Roumanie).
– le rapport « Les déchets de la tempête Xynthia » (pdf 111 pages – 8 Mo) publié par Robin des Bois en septembre 2010

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