Dénatura 2000

6 mai 2013

Sujet : Dragages Loctudy (Finistère)

 

Le schéma départemental de gestion de dragage du Finistère favorise l’immobilisme et consolide les mauvaises habitudes. L’immersion des boues de dragage des ports de Loctudy et de Lesconil dans le site marin Natura 2000 des Roches de Penmarc’h en est la preuve. Ce site Natura 2000 abrite une forêt de laminaires et une biodiversité d’importance patrimoniale ou économique exceptionnelle. Il est battu par les courants. La décharge sous-marine des déchets portuaires du Finistère sera dispersive et affectera les eaux du Morbihan.

Débutées fin mars 2013, les opérations de dragage devaient s’achever en février 2014. Elles sont aujourd’hui interrompues grâce à l’intervention des pêcheurs professionnels.

Dans 165.000 m3 de boues de dragage, l’instance de pilotage du Conseil Général n’a repéré que 625 m3 de déchets pollués, soit 0,38%. Par abus de langage, la masse des déblais à immerger est qualifiée de non contaminée. C’est faux. Tous les déblais de dragage contiennent des traces de micropolluants chimiques et bactériologiques et des macrodéchets. Les plus gros ne sont pas forcément les plus dangereux pour la faune marine. Les plus petits sont ingérés par les oiseaux, les mammifères marins et les tortues. Les tortues luth sont des visiteurs occasionnels du site Natura 2000 des Roches de Penmarc’h.

Comme d’habitude, pour justifier la vidange en mer des fonds de bassin pollués, l’arrêté préfectoral d’autorisation met en avant la sécurité de la navigation portuaire et la nécessité de rétablir la profondeur initiale. Il s’avère que les vases sont en partie constituées de blocs qui, après leur rejet en mer, empêchent les pratiques de pêche aux arts trainants, endommagent les outils de pêche et exposent les bateaux de pêche professionnelle à des risques supplémentaires de naufrage. Est-il logique que la restauration de la sécurité à un endroit instaure l’insécurité dans un autre ?

L’opération de dragage des ports de Loctudy et de Lesconil présente par ailleurs une particularité dérogatoire inquiétante. A titre de précaution, les dragages dans les secteurs touristiques, balnéaires et conchylicoles sont à l’ordinaire interdits du mois de mai au mois d’octobre. Or, les dragages de Loctudy et de Lesconil sont seulement interdits entre le 1er juillet et le 31 août 2013.

1- Ainsi, le chantier va favoriser en période estivale les efflorescences de planctons toxiques susceptibles de contaminer les coquillages et les consommateurs de coquillages. Des souches de planctons toxiques sont souvent enkystées dans les sédiments portuaires. L’étude d’impact élaborée par le Conseil Général du Finistère n’a pas pris en compte ce risque émergent maintenant bien identifié par les experts.

2- Ainsi, le chantier va libérer en mer côtière des apports importants d’azote alors que la température de l’eau sera élevée et favorisera le développement des algues vertes. Les sédiments portuaires sont des puits ou des réservoirs d’éléments nutritifs. Ifremer dit « qu’il n’y a pas de cas avéré de marée verte en lien avec des opérations de dragage et que ces opérations n’apparaissent pas devoir entretenir des phénomènes de marée verte ». Cette goutte de certitude dans un océan d’incertitudes relève plus de l’attitude militante que du rationnel scientifique.

3- Ainsi, la continuation des opérations de dragage pendant la saison touristique et le pic de fréquentation des eaux de baignade exposera les usagers aux risques sanitaires des contaminants bactériologiques dormant eux aussi dans les sédiments à cause des rejets des eaux noires des bateaux de plaisance.

En appui des pêcheurs professionnels, Robin des Bois souhaite que les opérations de dragage soient suspendues sine die tant que de nouvelles modalités de traitement des déblais n’auront pas été mises au point.

 

 

 

 

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