Faux pas d’Areva

5 juil. 2017

Communiqué MOX n°2

 

Areva, corsaire des temps modernes, perpétue les expéditions maritimes de combustibles nucléaires et de matières fissiles. Le Pacific Egret est un navire militaire peint en bleu. Il a débranché son AIS depuis le 13 juin 2017. L’AIS (Automatic Identification System) permet de connaître la position et la route d’un navire et est essentiel pour la sécurité maritime. Aucun des navires militaires de surface de la Marine Nationale actuellement en activité ne transporte une cargaison et une arme aussi redoutable que le Pacific Egret. Plusieurs options sont possibles pour l’itinéraire depuis Cherbourg jusqu’au Japon. Jadis utilisé du temps de Noriega pour des matières nucléaires sensibles, le passage du canal de Panama est aujourd’hui impossible pour des raisons politiques. La traversée par l’Atlantique Sud, l’Océan Indien et le Pacifique Sud est maintenant la plus classique. L’option de la route du Nord-Est par l’Arctique et la Sibérie avec l’accord de Vladimir Poutine ne peut pas être complétement exclue.

Les contrats franco-japonais sur le retraitement des combustibles irradiés, sur la fourniture d’uranium enrichi et de MOX datent du siècle dernier, d’avant l’ère du terrorisme, d’avant Fukushima, d’avant Kim Jong-un, d’avant les cyber-attaques et d’avant la faillite stratégique et financière d’Areva dont le principal actionnaire est le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA).
Et cependant, ça continue avec le soutien du gouvernement, avec le silence des ministères de la santé et de l’écologie, avec le quitus de l’Autorité de Sûreté Nucléaire -ASN.

La stratégie MOX est périmée. Seuls le Japon et la France, frères malades du nucléaire, persistent dans cette voie étroite et sans issue.
Le MOX neuf est une galère. Sa fabrication, sa manipulation et son transport routier ou maritime exposent les travailleurs, la population et l’environnement à des risques radiologiques aggravés.
Le MOX usé est un cauchemar. Dans l’usine vieillissante et vulnérable de la Hague, environ 1500 tonnes de MOX sont en cours de refroidissement dans des piscines dont l’eau doit être constamment renouvelée. A cause du pouvoir calorifique du plutonium, le barbotage devra durer plusieurs siècles avant qu’une solution de gestion à sec puisse être envisagée.

Mais la fuite en avant continue. En 1987, le taux de plutonium dans le combustible MOX était de 5%. En 2007 il est passé à 8% et l’Autorité de Sûreté Nucléaire est sur le point d’accepter un taux de plutonium légèrement supérieur à 9%. Selon un document d’Areva, certains clients (sans doute japonais) commandent du combustible MOX avec une teneur en plutonium de 12%.

« Le choix d’utiliser du combustible MOX dans ses réacteurs nucléaires relève de la stratégie industrielle d’EDF. L’ASN ne se prononce pas sur cette stratégie. »* L’ASN ne se prononce pas non plus sur l’utilisation du MOX dans les réacteurs japonais bien que l’explosion du réacteur n°3 de Fukushima qui fonctionnait au MOX ait dispersé dans l’Océan Pacifique et à terre des particules de plutonium.

L’enjeu de l’usine de la Hague, de l’extraction du plutonium des combustibles irradiés et de la réutilisation du plutonium dans les combustibles MOX doit être remis en question et réexaminé par l’Etat français et notamment le Ministère de la Transition écologique et solidaire. Aucun gouvernement n’a eu jusqu’alors ce courage, cette lucidité et cette indépendance.

 

*https://www.asn.fr/Informer/Dossiers-pedagogiques/La-surete-du-cycle-du-combustible/Le-combustible/Le-combustible-MOX

 

A lire aussi :
Communiqué MOX n°1, Moxquitue, 29 juin 2017.

 

 

 

 

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