L’Europe remettra-t-elle les éléphanteaux derrière les barreaux ?

26 août 2019

CITES CoP18 – Communiqué n°4
Genève

Les pays-membres de la CITES ont décidé d’interdire les exportations vers les zoos et les cirques d’éléphants vivants capturés dans la nature. Le 18 août, la proposition des 32 pays de la Coalition pour l’Éléphant d’Afrique, soutenus par la Jordanie, la Syrie, le Liban et l’Inde a été acceptée par 46 voix pour et 18 contre. Durant les débats, les États-Unis et l’Union Européenne se sont fait les porte-paroles de l’industrie de la captivité. Mais en ce début de conférence, les 28 pays de l’Union n’avaient pas tous leurs papiers en règle et leurs votes négatifs n’ont pas été comptabilisés. Depuis, les discussions intra-européennes vont bon train. Clore le débat ou le rouvrir : telle est la question. Les États-Unis et la Suisse pourraient aussi décider de monter au front. La France, la Hongrie, la Grande-Bretagne et le Luxembourg sont contre le commerce des éléphanteaux. Les autres pays de l’Union et la Commission Européenne pencheraient du côté des geôliers. Ils ont imposé leur position en réunion de coordination européenne, derrière des portes closes aux ONG observatrices à la CITES.

Le commerce des éléphants vivants -dans la pratique, des éléphanteaux malléables, corvéables et manipulables- vers des zoos et des cirques est actuellement autorisé depuis le Zimbabwe et le Botswana. Depuis la Namibie et l’Afrique du Sud, les deux seuls autres pays qui ont « leurs » populations d’éléphants en Annexe II de la CITES (contrôle et non interdiction du commerce international), les transactions sont déjà limitées aux programmes de conservation in situ, c’est-à-dire en Afrique.

Les exportations depuis le Zimbabwe vers la Chine d’éléphanteaux arrachés à leur famille ont fait un bond ces dernières années : 8 éléphanteaux expédiés par avion en 2012, 27 en 2015, 34 en 2016 et 38 en 2017. Onze d’entre eux sont déjà morts et 35 autres captifs seraient en attente d’exportation. Parmi les clients potentiels, les zoos et « safaris parcs » chinois en pleine expansion et des zoos aux États-Unis.

Contrairement à ce que l’industrie de la captivité affirme, il n’y a aucun bénéfice pour la conservation des éléphants à les exhiber dans des zoos. La capture des éléphanteaux, nécessairement violente et parfois mortelle, déstructure les groupes familiaux et brise les liens indispensables à la bonne santé et à la survie des populations. Les éléphanteaux mâles et femelles devenus bêtes de foire deviennent inaptes à la vie sauvage. Les tentatives répétées d’insémination artificielle n’aboutissent que très rarement. Plus de 530 éléphants sont retenus en captivité dans le monde. Au Zimbabwe, le collectif People and Earth Solidarity Law Network (PES LAWYERS) a attaqué les autorisations de transactions commerciales d’éléphanteaux. A l’opposé, le gouverneur général de la province de Masvingo à 250 km au sud de Harare déclarait tout de go en 2014 : « on n’est pas intéressé par la faune sauvage, ce qu’on veut, c’est du cash. ». Un éléphanteau se vend entre 100.000 et 200.000 € à des zoos dont le « stock » est vieillissant. Partout dans le monde les voix des scientifiques et de l’opinion publique s’élèvent contre la privatisation du patrimoine vivant de l’Afrique. La décision finale de l’Union Européenne sera capitale pour l’avenir des éléphants pris entre les feux des braconniers et les flash photo des visiteurs de zoo.

 

 

 

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