Evasion de terres polluées dans le « 9-3 »

13 juil. 2018

BNP PARIBAS Immobilier avait demandé en mars 2015 à être dispensé de la réalisation d’une étude d’impact pour la construction d’un immeuble de bureaux sur le site de l’ex Manufacture des produits chimiques du Landy, à Saint-Denis (93). Bien que les sols et sous-sols aient connu de multiples avanies (explosions, incendies, déversements, ruptures de canalisations…) au gré de leurs affectations industrielles successives, militaires et civiles, de 1846 à 1978, la préfecture de région avait autorisé le tour de passe-passe administratif en avril 2015.

Mais les excavations ont fait remonter à la surface la mémoire olfactive de l’ex Manufacture. Les terres extraites contiennent du benzène cancérogène, du nitrobenzène dont l’odeur d’amande amère a vite alerté les riverains. Le stockage des terres polluées sous une bâche rustique retenue avec des pierres à proximité de l’école élémentaire Taos Amrouche avant les grandes vacances a fait monter l’inquiétude. Des élèves et des enseignants ont été victimes de malaises. Avec la canicule, les émanations toxiques se sont renforcées et l’intervention des pompiers a été demandée.

© E. Lavarde/Robin des Bois, 11 juillet 2018

© E. Lavarde/Robin des Bois, 11 juillet 2018

Les analyses effectuées par le Laboratoire central de la préfecture de police sont sans appel : benzène, nitrobenzène, chloroforme, dichlorométhane, trichloréthylène, perchloroéthylène, diphénylsulfone ont été détectés dans l’air ou le sol. Près du tas de terre (1000 à 1500 t), à côté de l’école, la teneur en nitrobenzène dépasse la valeur limite d’exposition professionnelle.

Robin des Bois souhaite que la préfecture de la Région d’Ile-de-France et la DRIEE* soient plus rigoureuses dans le domaine vital de la réhabilitation des sites pollués et de leur conversion en habitat et en bureaux. Sinon, avec la multiplication prochaine des chantiers de bâtiments et de travaux publics liés au Grand Paris et aux Jeux olympiques de 2024, d’autres mauvaises surprises vont émerger.

Il est prévu que les terres polluées et stockées en milieu urbain soient transférées à partir du 16 juillet vers un lieu non révélé. BNP PARIBAS Immobilier n’a pas souhaité répondre aux questions de Robin des Bois à ce sujet. Quoi qu’il en soit des précautions exceptionnelles devront être prises au moment du déstockage vis à vis des conducteurs d’engins et des chauffeurs ainsi que des populations riveraines.

* Direction régionale et interdépartementale de l’Environnement et de l’Energie d’Ile-de-France


Voir aussi
Mystère et benzène à Saint Denis, 11 juillet 2018

 

 

 

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