La CBI à la rescousse des baleines

27 oct. 2016

Communiqué n°3

66ème CBI – Commission Baleinière Internationale
Portoroz – Slovénie
24-28 octobre 2016

Adoption par vote de 3 bonnes résolutions :

1- Résolution sur les cétacés et leurs contributions au fonctionnement des écosystèmes présentée par le Chili, l’Argentine, le Brésil, le Costa Rica, la République Dominicaine, le Mexique et l’Uruguay.
Enfin, les baleines ne sont plus considérées comme des prédatrices absolues et des concurrentes de la pêche . La résolution donne instruction au Comité scientifique de la CBI d’intégrer dans ses travaux les services rendus par les cétacés vivants et morts aux écosystèmes marins. C’est une satisfaction et un succès pour Robin des Bois qui travaille sur ce sujet depuis 2010 (1).

2- Résolution sur la Convention de Minamata présentée par l’Uruguay, le Brésil, la Colombie, la Suisse et Monaco.
La résolution demande au Comité scientifique de présenter à la prochaine réunion plénière de la CBI l’état des connaissances sur la teneur des cétacés en métaux lourds et en premier lieu en mercure et de ses composés. Elle réclame la localisation des régions où la consommation de viande de cétacés pourrait nuire à la santé humaine.  Les moyens non létaux pour collecter les informations sur la contamination des cétacés par le mercure et ses composés doivent être privilégiés -les échouages offrent malheureusement des occasions multiples aux scientifiques d’analyser les tissus des baleines-. La résolution invite les Etats-membres de la CBI à collaborer sur ce sujet avec l’Organisation Mondiale de la Santé.
Cette résolution fait référence à la Convention de Minamata dont l’objectif est de protéger la santé humaine et l’environnement des émissions et rejets anthropiques de mercure et de composés de mercure. La quasi totalité des Etats-membres de la CBI l’ont ratifiée ou signée. La baie de Minamata, au Japon, a été sinistrée entre 1932 et 1966 par des rejets industriels de mercure. Selon les statistiques gouvernementales japonaises, la maladie de Minamata a fait 1784 morts et 481 handicapés à vie par des troubles neurologiques. Au terme d’un long processus judiciaire en 1996, 15.000 personnes ont été reconnues victimes de pathologies diverses dues principalement à la consommation de produits de la mer contaminés au mercure.
Le Japon a voté contre cette résolution. Dans les débats préliminaires à l’adoption de la résolution, sa délégation a déclamé que l’espérance de vie était la plus longue dans les pays gros consommateurs de viande de baleine, à savoir l’Islande, la Norvège et le Japon. Négligeant la contamination au mercure des populations Inuits en Arctique dont le régime alimentaire s’appuie en particulier sur les cétacés, le Japon a soutenu qu’il n’y avait pas de lien direct entre la santé humaine et la consommation de viande de baleine. Des chasseurs de baleines de la ville de Taïji (à 600 km de Minamata) sont venus en appui de la délégation japonaise en assurant que consommer de la baleine n’avait pas d’impact sur la santé humaine. Les baleines au sommet des chaînes alimentaires marines accumulent et concentrent tous les polluants persistants comme les PCB et le mercure. Elles transmettent les contaminants aux baleineaux par l’allaitement. Le Japon a emmené dans son aveuglement pro-chasse baleinière plusieurs pays africains, des micro-Etats des Caraïbes, le Cambodge et le Laos, sans parler de ses fidèles partenaires, la Norvège et l’Islande.

3- Résolution sur l’amélioration du processus d’examen de la chasse à la baleine au titre de permis spéciaux présentée par l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
L’adoption de cette résolution va obliger le Japon ou éventuellement d’autres pays candidats à la « chasse scientifique » à soumettre les protocoles à un échéancier précis et à l’approbation successive de plusieurs instances au sein de la CBI. C’est une procédure à plusieurs étages qui va empêcher à l’avenir le Japon de se lancer à la hussarde dans des expéditions baleinières meurtrières.

 

(1) A lire: De l’utilité des baleines – avril 2010 (pdf 20 pages 1 Mo)
Les poissons mangent les baleines, 12 juillet 2011

 

 

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