La fausse sortie du perchloroéthylène

29 juin 2012

Le Ministère de l’Ecologie a produit un projet d’arrêté consolidant l’utilisation du perchloroéthylène, le solvant toxique pour l’Homme et l’environnement jusqu’en 2028. En effet, tout exploitant de pressing achetant un équipement de nettoyage à sec au perchloroéthylène jusqu’à la date limite du 1er janvier 2013 pourra l’utiliser pendant 15 ans.

Le projet de texte est tellement compliqué et alambiqué que les membres du Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Technologiques dans leur séance du 26 juin 2012 n’ont découvert cette échéance lointaine qu’après 2h30 de débat.

La Fédération Française de la Blanchisserie, la Fédération Française des Pressings et des Blanchisseries, le syndicat des fabricants de solvants halogénés ont contribué à l’enfumage. Les 5.000 pressings et blanchisseries de France seraient menacés par des délais trop courts d’application de l’interdiction de l’utilisation du perchloroéthylène. Des centaines et des milliers d’emplois seraient menacés. Le monde du pressing serait fragile. Le cauchemar urbain de l’extinction des blanchisseries, après celle des stations-service, a plané sur le Conseil Supérieur. La complainte des exploitants ruinés par des investissements insupportables a envahi la salle 2 de la Tour Sud du Ministère de l’Ecologie, parvis de La Défense.

Face à ces vagues d’hypocrisie et de caricature, il a fallu rappeler – il est connu que l’exposition au perchlo entraîne des troubles de la mémoire – que le solvant à bannir est toxique et neurotoxique pour l’Homme, les femmes enceintes, les enfants et les animaux domestiques, de plus en plus probablement cancérogène et nuisible pour l’environnement. Il est inodore aussi longtemps que la concentration ne dépasse pas 6.000 microgrammes par m3 d’air. Le seuil d’alerte est fixé à 250 microgrammes par m3. Il est volatil et traverse aussi aisément les murs et les plafonds que la barrière du placenta et s’installe chez les voisins des pressings, surtout ceux d’au-dessus. Les employés des pressings sont les premières victimes. Cette nocivité globale du perchloroéthylène est reconnue et connue depuis au moins 10 ans.

1 – Robin des Bois demande aux services du Ministère de l’Ecologie et à Madame la Ministre de raccourcir considérablement les délais d’interdiction totale de l’utilisation du perchlo dans les pressings dès 2018. C’est une échéance réaliste. Elle élimine les prolongations prévues jusqu’en 2022 et 2028 et prend raisonnablement en compte les contraintes techniques et financières. A titre de comparaison, c’est la date limite prescrite par l’Autorité de Sûreté Nucléaire pour réaliser des travaux lourds d’adaptation consécutifs aux Evaluations Complémentaires de Sûreté. Ce qui est imposé aux exploitants de centrales nucléaires doit l’être aux exploitants de pressings et blanchisseries.

2 – Robin des Bois estime que des substituts au perchloroéthylène porteurs de risques sanitaires et environnementaux comme l’éther de glycol ne peuvent pas être considérés comme des solutions d’avenir et doivent être dès maintenant prohibés.

3 – Robin des Bois invite les locataires et propriétaires à exiger des syndics d’immeubles et autres copropriétés des analyses de perchlo dans l’air intérieur des habitations et locaux de travail voisins des pressings.

 

 

 

 

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