Un pétrolier maltais pris en flagrant délit de dégazage

19 déc. 2005

Reportage photo (pdf 11 Mo)

Une équipe d’intervention de Robin des Bois en visite de routine sur un tas de déchets de l’Erika dans l’estuaire de la Loire a photographié dans le fossé de drainage des irisations et tâches d’hydrocarbures prouvant une mauvaise gestion de la cargaison.

Ces 63.000 t de sables et de granulats issus du traitement des déchets de la marée noire et de 350 km du littoral atlantique contiennent au minimum 500 mg/ kg de fuel. Les résidus commencent à se fondre dans le paysage portuaire et aéroportuaire de Montoir-de-Bretagne et de Saint-Nazaire, près du terminal méthanier de GDF.
Même s’ils sont dépollués au regard du protocole signé par l’Etat et Total et de l’arrêté préfectoral fixant les conditions de l’élimination des déchets de l’Erika, ils restent polluants; surtout quand, à l’encontre des informations diffusées en 2003 et 2004, ils restent indéfiniment exposés aux intempéries, sans précaution aucune à la base du tas ni à son sommet. Il était prévu qu’au bout de quelques semaines ou mois de stockage provisoire sur un terrain appartenant au Port Autonome de Nantes/Saint-Nazaire (PANSN), ils seraient utilisés par celui-ci dans les remblais d’une plate-forme, à l’abri du lessivage de la pluie. Les mois se transforment en années et les résidus de l’Erika s’enlisent comme ceux de l’Amoco Cadiz remis à jour en janvier 2000 par Robin des Bois sur un autre terrain du PANSN. Les ports surtout quand ils sont pétroliers ont toujours beaucoup de connivence avec les déchets de marée noire. Ils estiment sans doute que ça fait partie du service après-vente.

Au sein de la Commission Locale d’Information et de Surveillance des déchets de l’Erika (CLIS Erika ), prématurément dissoute, Total et un cabinet d’experts ont toujours affirmé que les hydrocarbures résiduels ne pourraient se désolidariser de la matrice sable. La réalité est bien différente.
Environ 130.000 tonnes de sables de l’Erika ont été vendues à 33 utilisateurs pour des chantiers et des usages dans l’estuaire, théoriquement hors zones inondables et protégés des eaux météoriques.

Les pouvoirs publics prendront-ils des mesures d’urgence pour contraindre le détenteur ou les détenteurs à mettre en sécurité les 63.000 t de déchets ou bien se contenteront-ils des vagues rodomontades ou dénégations dont ils sont coutumiers dans ce genre de situation, ou encore d’une injonction d’installer des piézomètres destinés à connaitre et à suivre l’évolution (toujours favorable !) des pollutions souterraines au droit du tas de déchets ?

Le proche avenir nous le dira.
Il y a au bas mot 31,5 tonnes d’hydrocarbure dans la dune de sable; l’équivalent de 31 dégazages au large de la Bretagne. Chacun d’entre eux est passible d’une amende de 50.000 à 500.000 euros.

 

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