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La réplique d’un fiasco du recyclage

Loire Atlantique, Rambouillet, Haute-Savoie

Ce communiqué prolonge celui du 25 janvier 2005 [1] ; en avril 2005, le directeur du CEDRE (Compagnie Européenne De Recyclage Electronique) à Issé en Loire-Atlantique répondait à un appel d’offres du Syndicat Intercommunal et de Valorisation (SITREVA) de Rambouillet regroupant plus de 180 communes. Le SITREVA souhaitait trouver une solution propre pour le traitement de 450 t de Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques (DEEE). Ce trésor toxique surtout en cas d’incendie avait été accumulé, avec d’autres passifs, par la structure antérieure au SITREVA, le Syndicat Mixte Intercommunal du projet Iris (SYMIRIS). Les DEEE étaient entassés dans une ex-usine de charcuterie.

C’est au Groupement d’Intérêt Economique Planète qu’a été attribué le marché en octobre 2005. « Un projet nickel » dit le SITREVA. « Les premières phases de destockage et de transport se sont très bien passées ». C’est après que ça s’est compliqué. Le président du GIE Planète et l’actionnaire fondateur du CEDRE ne sont qu’un. La moitié du stock de Rambouillet aurait pris la direction d’Issé alors même que la Drire venait de demander au CEDRE de réduire ses stocks. L’autre moitié, chargée sur 22 semi-remorques a été expédiée chez Recyclage Electronique Pays de Savoie, un des adhérents du GIE Planète dans la commune de Sciez en Haute-Savoie. Ils y sont toujours. Après que son président ait encaissé une partie de la prestation d’élimination (plus de 120.000 €) le GIE Planète a déposé son bilan et il n’y a plus personne pour payer à Recyclage Electronique Pays de Savoie le démantèlement de la moitié du stock de Rambouillet ou même la location de l’entrepôt où ces 220 t sont en attente depuis 3 ans.

Ce Zimaval du DEEE (cf. « Pile : la face cachée » [2], 19 décembre 2002 et « Piles : la farce cachée » [3], 6 janvier 2003) démontre une fois encore que le recyclage et ses eldorados d’aides, de subventions, de prêts, de crédits et autres aubaines attirent des opportunistes habiles à capter la confiance des pouvoirs publics et des collectivités.

Quand en 2005 Robin des Bois a mis en lumière la mauvaise tournure des évènements et du recyclage des DEEE sur le site du CEDRE à Issé (cf. dossier photos [4]), il lui a été répondu qu’il ne fallait pas s’affoler et que « le seul risque à terme serait de constituer des stocks importants qu’il faudrait gérer en cas de défaillance ».

Ce temps est venu. Les pouvoirs publics et le SITREVA, propriétaire des déchets, doivent trouver une solution pour le retraitement des 220 t en provenance de Rambouillet en attente en Haute-Savoie et s’inquiéter du sort des 220 t théoriquement dirigées vers le CEDRE à Issé, juste avant sa faillite.

Depuis le 15 novembre 2006, la filière réglementaire de collecte des DEEE est en vigueur. Les PCB, le mercure, les piles, les cartes des circuits imprimés, les cartouches, les matières plastiques bromées, les composants amiantés, les couches fluorescentes des tubes cathodiques, les cristaux liquides des écrans, les fiches céramiques réfractaires, les mousses et les circuits de réfrigération doivent être extraits, stockés et éliminés avant la valorisation des carcasses des DEEE. Les DEEE sont des déchets dangereux, le stock balladeur de Rambouillet plus que les autres car il est ancien et ne bénéficie pas des substituts aux matériaux toxiques mis en oeuvre dans des produits récents.