Nous l’appellerons la passerelle Bruno Manser

11 juil. 2006

Disparu sur l’île de Bornéo en mai 2000, Bruno Manser est l’ami des peuples forestiers, en particulier des Pénans, nomades des hauts plateaux du Sarawak dont il a su au cours de plusieurs séjours illustrer les scènes de la vie quotidienne, dessiner l’environnement végétal et animal, composer le catalogue des ressources, écrire le dictionnaire de la langue orale et porter dans le monde entier les cris d’alarme d’une ethnie en cours d’expropriation par la déforestation, ses bruits, ses pollutions, ses braconnages.

En France, Bruno Manser a plusieurs fois en compagnie de l’association Robin des Bois protesté et agi contre l’utilisation intempestive des bois exotiques. Le 3 juillet 1991, Bruno Manser avec Robin des Bois bloque pendant plusieurs heures le déchargement du cargo chypriote Panormos venu à Nantes avec 9000 t de panneaux de contreplaqué en bois de Malaisie. Entre 1992 et 1996 Bruno Manser et la fondation Bruno Manser ont été associés aux actions de protestation contre l’utilisation promotionnelle des bois tropicaux sur le site de la Très Grande Bibiliothèque (TGB) dans le 13ème arrondissement de Paris. Qualifiées de livre de la jungle, l’esplanade et les tours de la Bibliothèque Nationale de France (BNF) exposent de l’ipé, du doussié du Cameroun, de l’okoumé du Gabon, du padouk du Cameroun. En décembre 1994, il a estampillé avec Robin des Bois 23 bancs en ipé des Champs-Elysées, 1ère action collective contre l’usage commercial de cette essence amazonienne dans le mobilier urbain de la capitale. En octobre 1998, il a estampillé à Rennes la passerelle des Bonnets Rouges, construite en ipé, et la passerelle Saint-Germain en doussié du Cameroun. En outre à Lorient, un mur acoustique en bangkiraï dressé le long d’une bretelle d’autoroute a alors fait les frais d’une spectaculaire identification. En 1999 Bruno Manser a soutenu l’action de Robin des Bois contre la passerelle Solférino à Paris entre le quai Anatole France et les Tuileries que l’architecte Marc Mimram s’est acharné à réaliser en ipé d’Amazonie, au détriment du chêne.

Dans le même temps, Robin des Bois saluait dans un communiqué intitulé « Paris s’éveille » la décision de la Mairie de Paris d’attribuer à l’architecte autrichien Dietmar Feichtinger la construction du 37ème franchissement parisien de la Seine, la passerelle dite Tolbiac – Bercy, qui relie la jungle de la Bibliothèque Nationale de France à la terrasse des jardins de Bercy.

Bruno Manser a inspiré les actions citoyennes visant à dissuader les communes et collectivités publiques en Allemagne, en Suisse, en France, en Europe à renoncer à l’utilisation de bois en provenance des forêts vierges et à privilégier les essences de proximité. C’est pourquoi cette passerelle, c’est celle de Bruno Manser. Elle sera inaugurée le 13 juillet. Ses tabliers sont en chêne d’Ile-de-France. Les 550 m3 de chêne de première qualité ont coûté 1.760.000 €. La version standard ipé aurait coûté 440.000 €. Le chêne vient d’Ile de France ; l’ipé serait venu de l’Amazonie abattue et surexploitée.

Pour plus d’information sur le prolongement de l’action de Bruno Manser par la fondation éponyme et par le gouvernement suisse, consultez le site internet www.bmf.ch

Aujourd’hui même, Monsieur le Maire de Paris est sollicité pour considérer un hommage à Bruno Manser lié à l’inauguration ou au fonctionnement de la passerelle Tolbiac – Bercy.

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Bruno Manser en action de labellisation avec Robin des Bois à Rennes

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