Plouézoc’h: terrain plombé

3 avril 1996

Les travaux de régalage du tas de vases situé en plein cœur de Plouézoc’h ont débuté ce matin. La municipalité a dragué au cours de l’hiver 1994 environ 12.500 tonnes de vases dans le port de Dourduff et en a stocké une majeure partie dans le périmètre du clocher de l’église, classée Monument Historique. Malgré les pics de pollution en plomb rencontrés (270 mg/kg) et les observations de l’étude d’impact (“Le site de stockage à terre, quel qu’il soit, sera aménagé (talus, bassin de décantation, fossés de drainage) afin d’éviter tous risques de pollution.”), aucune de ces précautions élémentaires n’a été prise.

Malgré le risque de pollution des nappes phréatiques, des eaux potables et des jardins potagers situés en contrebas, aucune analyse des eaux avant rejet dans le milieu naturel n’a été effectuée.

La municipalité de Plouézoc’h fait preuve d’un sens aigu de l’irresponsabilité et donne un exemple achevé de la mauvaise gestion des déblais de dragage dans le Finistère.

L’étude d’impact qui a guidé le choix des sites de stockage des boues du Dourduff est bâclée. La seule information concernant les paramètres de substances toxiques concentrées dans les boues concernent le plomb, particulièrement soluble et dangereux pour l’environnement autant que pour la santé humaine. Un taux extrêmement élevé de 270 mg/kg y a été détecté sans que la source polluante ait été déterminée. Les paramètres des autres contaminants chimiques ne sont pas disponibles (“les données en métaux lourds sont dans l’ensemble corrects…). Malgré ces propos rassurants corroborés par la mairie dans un courrier adressé à Robin des Bois (“la vase extraite n’est susceptible d’entraîner aucune pollution”), personne n’a voulu prendre la décision de les immerger.

La Loi sur l’Eau oblige l’ouverture d’une enquête publique en cas de stockage à terre. La municipalité de Plouézoc’h et la DDE auraient dérogé à la règle : d’après les habitants, le site en plein bourg n’a pas donné lieu à enquête publique. Les riverains incommodés par cette pollution visuelle, malodorante et contaminante n’ont pas eu l’occasion de s’exprimer et comprennent maintenant pourquoi. Aujourd’hui, les eaux se sont écoulées en polluant le milieu environnant. Le terrain est suffisamment asséché pour que les engins de chantier travaillent à l’édification du deuxième terrain de foot de Plouézoc’h.

Robin des Bois demande le déplacement de ce tas de boues et son confinement dans des structures géologique et hydro-géologique appropriées. Si tel n’est pas le cas, le nouveau terrain de foot de Plouézoc’h devra être inscrit à l’inventaire national des sites pollués du Ministère de l’Environnement.

 

 

 

 

 

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