Quand les ex-usines deviennent des « serial killers »

27 mai 2013

Depuis le début de l’année, les accidents mortels dans les friches industrielles se répètent. Le bilan actuel est de 7 morts. La tendance est à la hausse et le communiqué de Robin des Bois du 31 mai 2012 sur « Les enfants victimes des friches industrielles » est de plus en plus d’actualité.

S’il s’agissait d’accidents du travail, l’indignation serait à son comble. Les mises en demeure, les accusations et les procès s’accumuleraient. L’émotion serait « palpable ».

Les morts par électrocution, par incendie, par effondrement de toiture dans les usines et bâtiments industriels désaffectés se succèdent, eux, dans l’indifférence et dans la fatalité. Il y aura un jour aussi des morts par noyade dans les fosses pleines d’hydrocarbures et d’eaux acides que les anciens exploitants et salariés n’ont même pas eu la prudence de vidanger.

Dans cette déshérence, il y a tant de responsables qu’il n’y en a plus aucun. Les responsabilités se diluent sur la place publique comme les dioxines dans l’atmosphère :

– Les maires et les communautés de communes n’exercent pas leur pouvoir de police, n’informent pas clairement les populations sur les dangers des friches industrielles et laissent les accès ouverts ou entrouverts aux visiteurs, aux usagers occasionnels, à des activités ludiques, aux récupérateurs de métaux, aux squatteurs.

– Les liquidateurs judiciaires ne font pas le nécessaire pour vider les sites en faillite des déchets industriels dangereux, des ordures combustibles et des eaux polluées.

– L’Etat laisse les friches industrielles empirer et les pollutions historiques étendre chaque jour leur emprise sans oser mettre en cause la responsabilité des maires, surtout quand ils sont députés, sénateurs ou ministres.

– Les préfets sont réticents à pallier les carences des maires et des autres élus et laissent prospérer les occupations illégales de ces sites dangereux.

A noter que les friches industrielles meurtrières sont aussi pour deux d’entre elles au moins des sites gravement pollués notamment par l’amiante et par les PCB. Voir à ce sujet dans l’atlas des sites terrestres pollués par les PCB Conches-en-Ouche et Meung-sur-Loire. Il est sûr que la filature Saint-Liévin à Wattrelos dépendant de la compétence de Lille Métropole est aussi lourdement polluée. Elle est fermée depuis 2004. Depuis, la réflexion sur sa reconversion est en cours.

Robin des Bois souhaite que les communes, les agglomérations de communes et les collectivités territoriales s’engagent financièrement dans la mise en sécurité des sites industriels arrivés en fin de vie et abandonnés. Pendant des années, des décennies ou parfois un siècle, ces ex-usines ont participé à la prospérité économique et financière des communes, des villes, des régions. Il est normal qu’en retour, les collectivités s’impliquent dans la gestion préventive des friches industrielles. Cette participation des communes et des collectivités territoriales à la sécurité des friches industrielles et des populations serait d’autant plus naturelle qu’au bout du compte et des temps d’attente, ce sont elles qui bénéficient et tirent profit des reconversions, la plupart du temps immobilières.

Rappel des évènements :
16 mars 2011, Meung-sur-Loire (Loiret), un jeune garçon de 14 ans se tue dans le site de l’ex-fonderie APM.
6 mai 2012, Conches-en-Ouche (Eure), un jeune garçon de 12 ans s’électrocute dans l’ex-usine Usmeco en faillite depuis une dizaine d’années.
28 mai 2012, Elbeuf (Seine-Maritime), un enfant de 13 ans se tue dans l’ex-chaudronnerie industrielle Schocher.
13 mai 2013, Lyon (Rhône), 3 personnes dont un enfant de 12 ans meurent dans l’ex-usine Leroy-Sommer.
Week-end 25-26 mai 2013, Wattrelos (Nord), quatre jeunes gens meurent des suites de l’incendie de l’ex-filature Saint-Liévin.

 

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