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Une occase à 700 millions d’euros

Objet : le plus grand chantier européen de travaux portuaires, ” Port 2000 ” au Havre.

Abstract : The building of a new external harbour called ” Port 2000 ” in Le Havre, Atlantic coast, is hampered and shadowed by a lot of technical and financial problems. Among them, the heaviest could be the summer fall of a new quay section.

 

Cet été, le quai du fleuron des chantiers de travaux publics français s’est déchaussé et déformé sur 280 m de long et 25,6 m de hauteur. Ces dégâts auraient été causés par la rupture d’une des digues provisoires de protection. Cet ” incident de chantier ” estimé à au moins 21 millions d’euros est dû à un défaut de conception du Port Autonome du Havre -PAH- ou de l’entreprise Soletanche-Bachy. Pour rattraper le coup, il faudrait détruire la section défectueuse. Trop cher, trop long. En conséquence, le quai ne serait détruit que sur une hauteur de 15 m, et une prothèse s’appuierait sur les vestiges de l’ouvrage mort-né. C’est sur ce quai de guingois que les porte-conteneurs de 40 à 100 millions d’US dollars accosteraient. Ces informations sont officieuses, le Port Autonome, maître-d’ouvrage et maître-d’œuvre et n’a pas rendu publique son expertise. Une des questions en suspens est de savoir si cette déformation est susceptible de se propager sur tout le linéaire de quai (1400 m).

Les mauvais calculs sont légion au port du Havre. Le quai des Amériques situé dans le port interne devait être allongé de 170 mètres, pour permettre aux armateurs de patienter en attendant la mise en service de ” Port 2000 “. L’ouvrage d’un montant de 15 millions d’euros devait être terminé au 3ème trimestre 2002. Le quai a été construit une fois, puis s’est dérobé. Il a été reconstruit, puis s’est encore dérobé. Le procès entre le Port Autonome et l’entreprise Bouygues est toujours en cours.

Car s’il y un domaine où le port fait des bons calculs, c’est pour faire durer les procès, comme celui qui l’oppose aux entreprises auxquelles il a voulu faire endosser la responsabilité du déminage de la zone terrestre de ” Port 2000 “, la plus proche du stockage stratégique d’hydrocarbures de la CIM -Compagnie Industrielle et Maritime-. La pollution de la zone maritime par les vestiges de guerre a déjà entraîné des retards considérables pour les entreprises chargées des dragages. GTM -Grands Travaux de Marseille- attend depuis 6 mois que ces travaux soient suffisamment avancés pour construire les digues d’enclôture.

Les musoirs (extrémités des digues) du futur port auraient dû, pour respecter le programme et assurer la poursuite des travaux, être acheminés sur site au plus tard en septembre 2003. Ils ne pourront pas être remorqués avant le printemps prochain. Quant à l’extension de la réserve naturelle, présentée comme mesure accompagnatrice de ” Port 2000 ” et indispensable à la mobilisation des fonds européens, elle n’est pas retardée, elle est enterrée.

Mauvais plans, déminage sous-estimé, quai déformé, dragage retardé, budget non-maîtrisé, rien ne laisse entrevoir que le Port Autonome du Havre et le Ministère des Transports se penchent sur ” Port 2000 ” depuis 1970. Les conventions d’utilisation des quais et des terminaux doivent selon le planning du PAH être signées d’ici la fin de l’année. Prétendre que les premiers porte-conteneurs y accosteront en juillet 2004, c’est prendre les armateurs pour des marins d’eau douce.