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Feu vert pour le pillage en mer

Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2002 – Santiago du Chili

La prise en compte des ressources halieutiques et des espèces marines par la CITES se heurte à l’opposition militante du Japon et de la Norvège et à la méfiance des armateurs européens. Des micro-Etats insulaires ou des plaques tournantes du trafic international de poissons comme le Sénégal renforcent cette alliance. La priorité des priorités reste le marché. Pour les espèces, on verra après, à une exception près.

Les hippocampes sont les chevaux gagnants. La proposition des Etats-Unis d’inscrire toutes les espèces d’hippocampes en annexe II a été acceptée par 79 voix pour et 24 contre. Les hippocampes vivent dans les milieux côtiers, particulièrement soumis aux pollutions et à la destruction des habitats. Ils sont pêchés par 75 pays et le marché international pour la médecine traditionnelle, les aquariums et les bibelots s’accélère depuis 1995.

La légine australe et la légine antarctique. L’Australie voulait proposer l´inscription des légines en annexe II de la CITES mais elle s’est fait doubler par son principal opposant, le Chili, qui a en premier obtenu une simple recommandation de collaboration entre la Commission pour la conservation de la faune et de la flore marines Antarctique (CCAMLR) et la CITES. La CCAMLR ne compte que 24 Etats-membres. Elle n’a ni la compétence juridique, ni les moyens techniques pour enrayer le trafic de ces espèces surexploitées et qui risquent de disparaître d’ici 5 ans. Avec les légines, ce sont des albatros et des pétrels de l’Antarctique pris accidentellement dans les palangres qui sont menacés d’extinction. Les 160 Etats-membres de la CITES, dont certains servent de ports d’attache aux navires-pirates déroulent ainsi le tapis rouge aux bateaux qui pratiquent la pêche IUU (Illegale, non-réglementée, non-reportée).

Dauphin à museau court de la Mer Noire (*). La Géorgie proposait le transfert de ce dauphin de l’annexe II à l’annexe I. La population est menacée, notamment par le commerce international qui alimente les delphinariums. La proposition a été refusée par 40 voix pour et 31 contre.

Le requin-baleine (*) : proposition de l’Inde et des Philippines d’inscription en annexe II. Cette espèce présente dans toutes les eaux chaudes tropicales à l’exception de la Méditerranée est surexploitée pour sa viande et ses ailerons. La Chine grande consommatrice s’est opposée à cette inscription qui a été refusée à bulletin secret par 62 voix pour et 34 contre. Le requin-pèlerin (*): proposition du Royaume-Uni au nom de l’Union Européenne d’inscription en annexe II. Le requin-pèlerin vit dans les eaux tempérées des Océans Atlantique, Pacifique et Indien et en Mer Méditerranée. Il est surexploité pour son cartilage, ses ailerons et sa viande. La proposition a été rejetée à bulletin secret par 72 voix pour et 38 contre.

Le Napoléon. Les Etats-Unis proposaient l’inscription de ce poisson des récifs de corail de la région Indo-Pacifique en annexe II. Il est vendu vivant pour l’alimentation notamment à Hong-Kong où il atteint les 175 US$/kg. La proposition a été refusée par 65 voix pour et 42 contre.

Petit rorqual et rorqual de Bryde: propositions du Japon de déclasser certaines populations de l’hémisphère Nord de l’annexe I à l’annexe II. La prédominance de la Commission Baleinière Internationale pour la gestion des baleines a été rappelée. Le moratoire sur la chasse à la baleine est toujours en vigueur et les rorquals chassés pour des raisons “ scientifiques ” ne suffisent pas à alimenter les restaurants japonais. La proposition du petit rorqual a été refusée par 41 voix pour et 54 contre et celle du rorqual de Bryde a été refusée par 43 voix pour et 63 contre. Les couteaux s’aiguisent au sein de la CBI depuis la réadhésion avec réserve sur le moratoire de l’Islande. Sa prochaine session aura lieu en juin prochain à Berlin.

Rappel : CITES, Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction. Les propositions d’amendements aux annexes de la CITES doivent recueillir les 2/3 des voix exprimées pour être acceptées. Annexe I : protection intégrale de tout commerce international. Annexe II : contrôle du commerce international par la délivrance de permis d’exportation et d’importation.