Karachi: encore une marée noire à l’européenne
Le Tasman Spirit échoué depuis le 27 juillet près du port de Karachi au Pakistan bat pavillon maltais et appartient à un armateur grec. Désormais cassé en deux, le pétrolier a perdu des milliers de tonnes de brut. 35 000 t menacent de s’échapper de l’épave. 20 km de côtes sont déjà touchées.
Polembros Shipping gère 17 pétroliers presque tous immatriculés sous pavillon de complaisance : Malte comme l’Erika, Bahamas comme le Prestige, Liberia, Saint-Vincent-et -Grenadines, Chypre, Panama. Chaque navire est la propriété d’une filiale particulière, un dispositif de cloisonnement qui vise en cas de litiges ou de dommages à éviter les extensions de saisies ou d’autres tracasseries financières à l’ensemble de la flotte.
Un embouteillage au fond du détroit du Pas-de-Calais
Le mode opératoire du relèvement du Tricolor laisse tomber voitures et engins de chantiers à la pelle. La priorité des autorités françaises est d’être libérées dans les meilleurs délais des obligations de signalisation de l’épave et des responsabilités afférentes.
Robin des Bois rappelle donc que l’immersion des déchets automobiles (hydrocarbures, fluides toxiques, plastiques et autres matériaux non-biodégradables) est interdite par la Convention internationale Ospar relative à la prévention des pollutions dans l’Atlantique Nord et souhaite que soit diffusé régulièrement un inventaire de toutes les voitures ramenées à terre, et que des images sous-marines du site pollué soient diffusées.
Safer Seas : ” Pour des mers plus sûres et plus propres “
Safer Seas Brest – Contribution de Robin des Bois
Amélioration du niveau de sécurité de la flotte mondiale :
– Consolider le mémorandum de Paris en développant la liste des pays-membres en priorité en Méditerranée et dans les mers adjacentes et dans la mer Baltique.
– Renforcer la coordination et les échanges avec les mémorandas complémentaires, y compris dans le domaine de la formation des inspecteurs de sécurité maritime.
– Appliquer des sanctions financières et administratives vis-à-vis des pavillons et sociétés de classification favorisant la remise en circulation de navires voués à la destruction selon les autorités des ports d’accueil et présentant des taux de détention abusifs.
– Renforcer et mettre à l’unisson les pouvoirs et les devoirs des autorités de contrôle des pays-membres du mémorandum de Paris, y compris la Grèce.
– Interdire la vente des navires dont les classes de navigation ont été retirées, voire suspendues.
– Initier et dans un premier temps subventionner un chantier ou une plate-forme mobile de démolition pour assurer la sortie de flotte des navires ne répondant plus aux critères de sécurité en vigueur, en priorité sur la façade Atlantique européenne.
Cherbourg: une poubelle s’apprête à quitter le port
Le pétrolier Gatteville construit il y a 32 ans et propriété de la Copamar va être vendu dans le courant de la semaine à un armateur grec.
Immobilisé depuis juillet 2000 dans le port de Cherbourg à cause des difficultés financières de l’armateur et du très raisonnable engagement de Total de ne plus affréter de navires de plus de 25 ans, le Gatteville aurait, selon des témoignages de marins professionnels, une coque en mauvais état. Il est désormais démuni de titre de navigation et de société de classification. La direction de la Copamar a l’intention de lui organiser une sortie furtive quelques jours après la signature du contrat de vente, grâce à la collaboration d’un équipage international. Les marins jusqu’alors attachés au Gatteville resteront à quai.
Pasbeau-poubelle
Le jargon de la préfecture maritime, de la Marine Nationale et du sous-préfet de Brest relatif à “l’océanisation” du Victor correspond effectivement à un besoin sémantique spécial et nouveau tant les cafouillages, les non-dits, les errements et les incoordinations des services compétents sont propices aux naufrages et à l’abandon des navires en mer.
Les exemples de l’Erika, du Ievoli Sun et du Victor sont à cet égard instructifs. Ils sont tous les trois au fond de la mer grâce à l’action conjuguée des chargeurs, affréteurs, et des nombreuses autorités de tutelle. Ils témoignent tous les trois du recel de bateaux-poubelles auquel se livrent en Europe les ports, les autorités, et les milieux d’affaires. Ces trois navires étaient abonnés au trafic inter-européen.
Le Victor en ligne de mire
La Marine Nationale entend utiliser le Victor comme cible dans des exercices navals, et couler ce vieux cargo au large de la Bretagne. Construit en 1964 par les excellents chantiers navals russes, le Victor contient plusieurs tonnes d’amiante dans le compartiment machine et les calorifugeages, et du pyralène dans les équipements électriques. L’amiante et le pyralène -très toxique pour l’environnement marin-, étaient à cette époque considérés comme indispensables pour maîtriser les risques d’incendie à bord des navires.
Victor ou l’impuissance de la France
Le port de Brest a hérité en avril 2000 d’un bateau letton en avarie, de 3300 tonnes de blé et de 15 marins étrangers. Le blé a été déchargé, les marins reconduits. Reste le Victor, 102 mètres de métaux à récupérer, de pyralène et d’amiante à mettre hors d’état de nuire.
Encore une fois, l’Etat français et ses services fiscaux vendent aux enchères une épave, prêts à accepter les espèces ou le chèque d’un véreux représentant d’une société éphémère basée au Liberia ou off-shore. Instruite par les exemples du Tango D (ex-Kifangondo), du R Jupiter (ex Oscar Jupiter) et du Tom T (ex Han), l’association Robin des Bois demande au gouvernement français de ne plus être complice de la mafia des bateaux – poubelles, ces forbans du 21 ème siècle qui abondent le fonds mondial des rafiots pourris engagés dans les trafics illicites d’armes, de marchandises volées, ou de réfugiés.
France – Poubelle
C’est à juste titre que la Communauté européenne reproche à la France sa politique laxiste en matière de lutte contre le fléau social et environnemental que constitue l’utilisation des bateaux sous-normes.
Le Kifangondo , doyen des navires abandonnés, a été revendu à des armateurs grecs, avec une boîte postale au Libéria. Rebaptisé Tango D et réimmatriculé à Malte, il a quitté Dunkerque fin décembre 1999 avec 13.000 tonnes de sucre à destination de la Syrie après un retard de 24 heures provoqué par l’occupation du bord par une équipe de Robin des Bois. De retour au Pirée, à la mi-février, l’équipage international qui avait été engagé pour 9 mois a été débarqué, puis le Tango D est resté bloqué et saisi pour des raisons financières dans le port d’Eleusis. Rebaptisé Argo Star, il est reparti fin mai 2001. Il est toujours en service sous pavillon panaméen et son propriétaire est inconnu.
Nos vœux pour le nouvel Han
Constatant que le Han, ex – Palatial 1 est désormais sans pavillon, sans certificat de navigation et sans titre de sécurité,
Constatant qu’il n’est donc plus un navire au sens du droit maritime, et qu’en conséquence, il ne peut plus faire l’objet d’une exploitation commerciale,
Sachant cependant que le Han, alors qu’il s’appelait encore Palatial 1 a chargé avec l’accord du port de Brest environ 1.500 tonnes de matériel polluant ayant servi au pompage de l’Erika et vendu par Total à un industriel grec non identifié,
R. JUPITER, suite…
De nouvelles informations en provenance de Grèce sont parvenues aujourd’hui simultanément à Robin des Bois et aux Affaires Maritimes de Nantes-St-Nazaire. Le cargo R. Jupiter est actuellement en train de charger du fret dans le port de Tekirdag, en Turquie, dans la mer de Marmara.
La société de classification Isthmus a suspendu les certificats qu’elle lui avait accordés pour un ultime voyage de France via la Méditerranée vers un chantier de destruction à Gadani au Pakistan. Le navire n’est donc plus couvert par ses assurances.