Contre le virus du secret

16 mars 2020

Robin des Bois souhaite que le gouvernement convoque au sujet du COVID-19 une instance d’information et de concertation (prévention, gestion de crise, gestion des déchets, retour à la normale …) à l’image du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire -HCTISN. Pour mémoire, les comptes rendus du HCTISN sont publics (1).

Dès 1999, Robin des Bois s’est intéressé au laboratoire P4 de Lyon (2). Les laboratoires P4 sont des laboratoires de haut confinement dédiés à l’étude des agents pathogènes de classe 4 (virus Ebola, virus de la variole blanche, virus Nipah etc.). Les souches aviaires peuvent aussi faire l’objet de recherches dans les laboratoires P4.
Dans « l’Atlas de la France Toxique » publié en mai 2016 et le chapitre consacré à la ville de Lyon (3), Robin des Bois cite le P4, enkysté dans le centre de la troisième ville de France, à 150 m du Rhône et à vol de virus des autoroutes. Dans le même chapitre, une allusion est faite au laboratoire P4 de Wuhan, notant que la forteresse chinoise confinant les virus les plus dangereux est installée à l’écart de la ville. La première pierre du P4 chinois a été posée le 30 juin 2011 en présence de l’ambassadrice de France en Chine, de Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée de la Santé, de M. Chen Zhu, ministre de la Santé de la République Populaire de Chine, et de bien d’autres personnalités dont le consul général de France à Wuhan. Bien sûr, les architectes de l’agence française Tourret & Jonery concepteurs de la prison à virus et des salles d’expérimentation n’ont pas été les derniers à manier à cette occasion les pelles et les pioches symboliques. Cette manifestation résultait de l’Accord intergouvernemental de lutte contre les maladies infectieuses signé en 2004 par la France et la Chine. C’est le 23 février 2017 que le bâtiment ultra protégé a été inauguré en présence du Premier Ministre français. Comme pour son homologue lyonnais, le P4 de Wuhan a fonctionné « à blanc » pendant plusieurs mois. La longueur de cette phase d’essais au sein du laboratoire n’a pas été rendue publique mais les informations diffusées par l’Académie des Sciences de Chine permettent d’appréhender ses objectifs, son fonctionnement et la disposition des lieux.(4)

Le laboratoire P4 de Wuhan dispose de 4 niveaux. Au rez-de-chaussée se trouve la salle de traitement des eaux usées provenant en particulier des douches chimiques des expérimentateurs et des litières des singes expérimentés. Les canalisations sont à double peau et les eaux sont traitées au minimum à 135°C. Le premier étage est le cœur du sujet. Il comprend 3 cellules indépendantes de culture des virus, 2 cellules d’expérimentation des effets des virus sur les animaux et une salle de dissection. Les troisième et quatrième niveaux sont essentiellement occupés par un double système d’épuration et de filtration des airs intérieurs avant rejet vers l’extérieur.

Toujours selon la même Académie des Sciences de Chine, le laboratoire P4 de Wuhan est destiné à être un pôle reconnu à l’échelle internationale sur les maladies virales émergentes, une banque de conservation des souches de virus et en même temps un outil permettant à la Chine de renforcer ses capacités de réponse aux guerres et aux attaques terroristes bactériologiques.

La Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) et sur leur destruction a été ratifiée par la France et la Chine en 1984 alors qu’elle a été ouverte à la signature en 1972. Dans son article 10, la Convention engage les Etats parties à coopérer en vu de la prévention des maladies bactériologiques. Le moins que l’on puisse dire est que les résultats de cette coopération sont seulement accessibles à un cénacle restreint.

Les informations à l’attention du public concernant le COVID-19 ne sont pour le moment que des macro-statistiques quotidiennes et anxiogènes. Quatre à cinq mois après le déclenchement de la pandémie, le profil du nouveau coronavirus reste largement méconnu sauf sans doute de quelques laboratoires ou unités de recherches qui se battent pour être les premiers à franchir la ligne d’arrivée des vaccins, des brevets et des royalties associées. Seuls quelques professionnels de santé, experts en sociologie et personnels politiques sont consultés. Ces tours de table entre initiés autour du Président de la République française sont une offense à la transparence et à l’intelligence collective.

(1) http://www.hctisn.fr/article.php3?id_article=21
(2) P4: le virus du secret se développe à Lyon, 5 mars 1999
(3) Atlas de la France Toxique, p. 26, Editions Arthaud (2016)
(4) Wuhan National Biosafety Laboratory, Chinese Academy of Sciences

 

 

 

 

 

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