Depuis la Corse jusqu’à Alang

31 déc. 2018

Dernières nouvelles, 31 janvier 2019
Annoncé en Inde, le CSL Virginia devenu le Virgin Star s’est finalement dirigé vers le Bangladesh. Un chantier l’a acheté au tarif de 488 US$ la tonne, la fourchette haute des prix dans les chantiers de démolition.

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CSL Virginia
Dépêche n°6 – 13h

Eperonné le 7 octobre 2018 par un ferry tunisien alors qu’il était au mouillage au large du Cap Corse, le porte-conteneur CSL Virginia a semé une marée noire qui s’étend depuis Saint-Tropez (Var) jusqu’à Cerbère (Pyrénées-Orientales).

Le 24 octobre, le CSL Virginia est autorisé par la France à rejoindre par ses propres moyens le chantier de réparation de Constantza (Roumanie, Union Européenne), Mer Noire. Le 1er novembre, le navire accidenté s’est présenté en fait devant les chantiers Besiktas, Yalova (Turquie) en mer de Marmara.

Le 25 décembre 2018, après quelques réparations de fortune, le CSL Virginia quitte le chantier turc, direction la casse à Alang, Inde. Il se trouve aujourd’hui au mouillage devant Port Saïd (Egypte) à l’entrée du canal de Suez et attend l’autorisation de le descendre. Compte tenu des cours actuels, la vente à un chantier indien rapporte près de 10 millions d’US$ à l’armateur et aux intermédiaires. Dans un chantier européen, la vente aurait rapporté moins de 3 millions d’US$ (5,2 millions d’US$ dans un chantier turc).

A partir de demain, du 1er janvier 2019, le CSL Virginia, battant pavillon d’un pays européen aurait dû être démoli dans un chantier agréé par l’Union Européenne. Le chantier San Giorgio del Porto SpA de Gênes, qui a déconstruit le Costa Concordia, vient d’entrer dans la liste des agréés. C’est de Gênes qu’était parti le porte-conteneur avant de gagner son mouillage fatal.

L’armateur Cyprus Sea Lines Co Ltd basé en Grèce a pris la précaution de renommer le CSL Virginia en Virgin Star pendant sa cavale et de le placer sous pavillon du Liberia. Le dépavillonnage pour le dernier voyage offre aux armateurs une échappatoire à la réglementation européenne et une source de profit au détriment de la sécurité des travailleurs indiens et de la protection de l’environnement. Quand les responsabilités dans la marée noire seront examinées par la justice française, le Virgin Star aura pollué deux fois.

 

Voir aussi :
Accident de la route en Méditerranée, communiqué n°1, 9 octobre – 9h50
Une marée noire obscure, communiqué n°2, 23 octobre – 12h15
Mouillage sur la bande d’arrêt d’urgence, communiqué n°3, 30 octobre 2018 – 15h45
Le CSL Virginia est devenu le Virgin Star, communiqué n°4, 31 octobre 2018
Une cascade de boulettes made in Med, communiqué n°5, 3 décembre 2018
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