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Illusion d’optique dans l’estuaire de la Gironde

La plate-forme de regroupement et de traitement des déchets de pièces métalliques prévue par le groupe Veolia à Bassens près de Bordeaux autorise le traitement de 20.000 t / an en provenance du démantèlement des navires. Cette capacité n’est pas significative comparée à l’échelle du marché mondial (1,7 million de tonnes de métaux, Cf. les bulletins « A la casse.com » et le « Bilan mondial 2007 des navires partis à la démolition [1] »). C’est une humble contribution par rapport aux perspectives européennes, qui permettra cependant au port autonome de Bordeaux de se débarrasser de quelques casseroles flottantes comme le Tatihou et le Medocain (cf. les communiqués de Robin des Bois « Une poubelle pour Bordeaux [2] », 1er juin 2004 et « Affaires Maritimes ou business [3] », 30 mai 2005). Des bateaux de pêche et des navires de servitude pourraient aussi bénéficier en fin de vie de cette emprise. Mais le traitement des grosses unités comme le Clemenceau (26.000 t) dépasse les capacités administratives de la nouvelle installation.

Des réserves s’imposent aussi sur la sécurité de la navigation dans un estuaire biologiquement sensible et émaillé d’activités industrielles à risques. Les contraintes du remorquage dans l’estuaire de la Gironde ont été illustrées par le départ en remorque de l’ex-croiseur lance-missiles Colbert le 31 mai 2007, indésirable à Bordeaux, qui s’est alors échoué dans un banc de vase du Médoc.

En outre, la surveillance de la qualité de l’environnement autour du site et surtout dans les eaux et écosystèmes associés de la Garonne est insuffisante au regard du potentiel de dispersion aquatique et atmosphérique de nanopoussières et de micropolluants toxiques.

En tout état de cause, et conformément aux objectifs de ses promoteurs, un site de récupération de ferrailles et d’autres matériaux va ouvrir à Bassens sous réserve de l’application des prescriptions de l’arrêté préfectoral. Hors démantèlement des navires, sa capacité est de 55.000 t / an ; ce sera l’activité principale. Elle ne mérite sans doute pas les communiqués triomphants des différentes parties prenantes. Arrivées par camions, ces ferrailles repartiront pour la plupart par navires. C’est quand même une bonne nouvelle pour le port de Bordeaux dont le trafic à l’exportation des ferrailles s’est effondré en 2006 et 2007.

Cette annonce qui intervient avant le résultat de l’appel d’offres sur le Clemenceau ne doit en aucun cas peser sur l’évolution de cette procédure. D’autres ports et d’autres équipements mieux placés sur le plan géographique peuvent utilement postuler au démantèlement des navires.