– Depuis plus de 10 ans, Robin des Bois s’inquiète de la recrudescence des accidents mortels dans les usines fermées, abandonnées et désaffectées. Voir à ce sujet nos communiqués “Les enfants victimes de friches industrielles [1]” (31 mai 2012) et “Quand les ex-usines deviennent des “serial-killers [2]“” (27 mai 2013). Depuis 2013, la liste des accidents graves ou mortels s’est allongée. Le samedi 20 juin 2015 après-midi, un enfant de 13 ans s’est tué en tombant d’un toit dans un entrepôt des Docks de France à l’abandon depuis 2004 à Angoulême. Le 4 juin 2016 à Marquette près de Lille, une adolescente de 16 ans est décédée dans les silos abandonnés des Grands Moulins de Paris après une chute de 20 mètres. Le 29 mars 2017, un enfant de 12 ans s’est très grièvement blessé dans la friche Wonder à Saint-Ouen. Cet inventaire des morts et des blessés n’est pas exhaustif. L’accident survenu à Unieux dans le département de la Loire près de Saint-Etienne le samedi 27 avril 2024 dans l’ancienne usine métallurgique Akers fermée en 2010, qui a coûté la vie à une jeune fille de 17 ans et gravement blessé une autre jeune fille de 17 ans, rappelle tragiquement que les usines abandonnées sont des pièges libres d’accès faute de clôtures sécurisées, de gardiennage efficace et de la signalisation “Danger de mort” renouvelée en tant que de besoin.
– Les friches industrielles sont soumises aux vols de métaux et au vandalisme qui contribuent à la dégradation des locaux et à la dispersion des polluants et qui mettent en danger la vie même de récupérateurs informels et de leur entourage. En mai 2014, une famille de gens du voyage s’est introduite à Lille-Hellemmes dans l’imprimerie H2D fermée en 2012. Le vol de cuivre a mal tourné. Le père de famille a été grièvement blessé par électrocution sous les yeux d’un enfant âgé de 10 ans. Ici encore le transformateur était sous tension.
– Les incendies volontaires ou accidentels des bâtiments industriels insalubres et en péril sont de plus en plus nombreux. Ils libèrent dans l’environnement et dans les quartiers des flux de fumées toxiques, des envols de déchets notamment amiantés, des épandages d’hydrocarbures et de PCB (polychlorobiphényles) dont les conséquences sont systématiquement négligées. Robin des Bois a relevé dans 13 départements de France métropolitaine sept incendies en 2023 et neuf incendies entre janvier et avril 2024 dans des usines ou hangars industriels désaffectés.
Les friches industrielles sont le plus souvent des triches industrielles qui permettent aux exploitants successifs et aux repreneurs défaillants de renoncer à toutes leurs responsabilités. Les usines après les liquidations judiciaires et les cessations d’activité persistent à polluer les sols et les eaux souterraines. Les collectivités s’accommodent trop souvent de ces verrues qui s’étendent parfois sur plusieurs hectares. Dans l’attente interminable d’une reconversion, elles tolèrent parfois des occupations temporaires artistiques, ludiques, associatives sans prendre suffisamment en considération les risques sanitaires et physiques auxquels les occupants sont exposés. L’accès aux friches industrielles et aux bâtiments polluants et pollués doit être interdit. Cette interdiction doit être accompagnée d’actions pédagogiques et d’une signalisation constamment renouvelée. Les ex-sites industriels abandonnés ne sont pas des sites touristiques ou des parcours d’aventures.
Quant à la réglementation, elle doit être profondément remaniée voire révolutionnée. Les vieilles usines doivent être démantelées quand elles sont hors d’usage. Il y a des filières VHU (Véhicules Hors d’Usage) et BHU (Bateaux Hors d’Usage). Une filière UHU (Usines Hors d’Usage) s’impose.
“Des milliers de sites dangereux pour la vie et la santé sont ouverts à tous les vents. C’est la face oubliée de la désindustrialisation.”