- Robin des Bois - https://robindesbois.org -

L’avant, l’après et le pourquoi d’un naufrage dans la Manche

Le Deborah, chalutier belge (photo n°1) se met le 18 mars au matin en action de pêche en plein rail de la Manche par où transitent chaque année plus de 70.000 navires de commerce et 500 millions de tonnes de matières dangereuses, un peu comme si un collecteur de papiers gras et de champignons travaillait jour et nuit sur l’autoroute du nord et au bord de la bande d’urgence.

[1]

1 – Deborah © Fiskerifladen Illustreret

[2]

2 – Britannica Hav © Henk Jungerius

Le Deborah navigue à petite vitesse (entre 3-4 nœuds), l’équipage est en majorité concentré sur la pêche. Le 20 mars, en début d’après midi, il change de zone de pêche, descend vers le sud, se rapproche de Cherbourg à une vitesse d’environ 10 nœuds et éperonne sur le flanc bâbord vers 14h40 TU le Britannica Hav (photo n°2) parti de Renteria (Espagne) et se rendant à Keadby (Royaume-Uni) avec 2000 tonnes de ferrailles et plus de 40 tonnes d’hydrocarbures de propulsion.

[3]carte Robin des Bois – source Marine Traffic

Une voie d’eau impose aux 7 membres de l’équipage de quitter le Britannica Hav grâce aux engins de survie juste avant qu’il chavire, se retourne et dérive gouvernail en l’air.

Après avoir concouru au sauvetage définitif de l’équipage du cargo finalement hélitreuillé vers le port militaire de Cherbourg, le Deborah change totalement de cap et file plein pot vers son port d’attache de Zeebrugge, Belgique, où il arrive le 21 mars à 9h55 TU.

Questions
– En vertu de quelle réglementation insensée un bateau de pêche peut-il travailler jour et nuit au milieu d’une autoroute maritime à double sens empruntée par 20 à 25 % du trafic maritime mondial?

– Comment se fait-il que la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord basée à Cherbourg n’ait pas ordonné pour les besoins de l’enquête le déroutement du Deborah dans un port français?

– Que va devenir l’épave du Britannica Hav qui dérive à une vitesse moyenne de 6 km/h et qui constitue pour tous les navires sur zone un risque supplémentaire et difficilement repérable de collision?

– Si l’épave persiste à flotter, les autorités franco-anglaises vont-elles trouver une autre solution que le torpillage et l’immersion contrôlée de l’ex cargo appartenant à des intérêts russes et norvégiens et battant pavillon maltais ?

[4]Epave renversée du Britannica Hav
© Marine Nationale