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Le Clemenceau qu’on rentre et consorts

Après le torpillage d’un navire désamianté et d’un partenariat industriel pionnier entre la France et l’Inde par Greenpeace, Ban Asbestos, l’Association Nationale des Victimes de l’Amiante et le Comité anti-amiante de l’université de Paris-Jussieu, rien n’a changé dans le monde de la démolition des navires. On mesure mieux l’absurdité et l’arbitraire de la campagne contre le Clemenceau au vu des statistiques suivantes :

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Brest, 17 mai 2006, 10h30 le Clemenceau et la Belle Poule. Photo© CN/Robin des Bois.

Entre le 1er janvier 2006 et le départ en fanfare de l’ex porte-avions vers l’Inde et le 18 mai 2006, 95 bateaux ont rejoint dans le silence les chantiers de démolition sans la moindre opposition des pays exportateurs et importateurs – 60 au Bangladesh, 22 en Inde, 3 en Chine, 3 en Turquie et 7 vers une destination non connue -. L’âge moyen est de 30 ans. La longueur moyenne est de 163 m. Le poids total des métaux récupérables se situe autour de 700.000 t. Pas un gramme d’amiante n’a été retiré préalablement de ces navires. 20 navires battaient un pavillon européen. 19 autres appartenaient à des armateurs européens et étaient immatriculés sous des pavillons de complaisance comme Panama et Saint-Vincent-et-Grenadines. En ce sens, la manière la plus sûre d’échapper à la vigilance à éclipse des ONG et de l’Union Européenne dont le commissaire à l’environnement a stigmatisé l’envoi du Clemenceau en Inde, c’est pour un armateur européen d’immatriculer ses navires au Cambodge ou en Mongolie ou dans n’importe quel état hors l’Union Européenne, du moins pour les derniers voyages.

Pour en revenir au Clemenceau dont Robin des Bois demandait le désamiantage préalable à la démolition dès novembre 2003, il convient de redire qu’il n’y a en France aucune installation immédiatement disponible pour sa dépollution résiduelle et sa déconstruction, que les tentatives faites en Europe sont aujourd’hui avortées ou suspendues, qu’un chantier moderne de démolition de navires et de ferraillage doit être une installation classée pour la protection de l’environnement ou son équivalent et qu’il est donc prématuré de la part des uns et des autres de s’engager sur des délais et des lieux de recyclage et de disparition du Clemenceau.

Sabordage de l’ex-porte-avions Oriskany : nous demandons à chacun et en particulier aux journalistes de ne pas être victimes de la désinformation de Greenpeace et des autorités de Floride. La majeure partie de l’amiante est restée à bord après scellement ou encapsulage. L’amiante est dangereux pour les organismes marins. 340 kg de PCB et la dégradation future des peintures et revêtements toxiques résiduels constituent d’autres menaces pour l’environnement marin. Ce programme de récifs artificiels est un programme de sites pollués sous-marins. Nous en demandons la suspension. Il est en contradiction avec l’ensemble des conventions internationales spécialisées et avec la convention pour le renflouement des navires (Wreck Removal Convention) qui sera adoptée en 2007 par l’Organisation Maritime Internationale.