- Robin des Bois - https://robindesbois.org -

Les chantiers turcs tuent

Contrairement à des rumeurs vantant la sécurité des chantiers de démolition des navires en Turquie, les conditions de travail y restent mauvaises. Deux ouvriers intoxiqués dans la chambre des machines de l’ex-Pacific Princess viennent de le payer de leur vie.

L’ex-Love Boat de « La Croisière s’amuse » a été vendu à un chantier turc en avril 2012 au prix de 260 $ la tonne. Le Pacific Princess est évalué à 8.000 tonnes. Le chantier turc acquéreur a mis plus d’un an pour régler la facture. L’ex-Pacific Princess a quitté le port de Gênes le 27 juillet 2013 en remorque de l’Izmir Bull sous le nom de Acif. Il était arrivé à Gênes en novembre 2008 pour des travaux de rénovation et de mise en conformité qui ont été finalement abandonnés. Construit en 1971, le navire contient beaucoup d’amiante et de PCB. Son dernier propriétaire connu est la Quail Cruises Ship Management dont le siège est à Madrid.

equipage_pacific_princess_RobindesBois [1]
La croisière s’amuse – The Love Boat
©ABC

Dans le numéro 32 d’A la Casse, le cas de l’Ile de Beauté échoué en Turquie pour démolition est lui aussi souligné. L’Ile de Beauté est arrivé le 10 juillet 2013 à Aliaga sous le nom de Beau et sous pavillon panaméen alors qu’il a appartenu pendant plus de 20 ans à la Société Nationale Corse-Méditerranée dont l’Etat français est actionnaire. Cette manœuvre de transfert du pavillon français pour un pavillon « corbillard » en l’occurrence celui de Panama a permis à la SNCM d’échapper à ses obligations réglementaires, à savoir la constitution d’un dossier dans le cadre de la Convention de Bâle sur le transfert transfrontalier de déchets dangereux. Le respect de la Convention internationale amène les armateurs à réaliser un inventaire et une cartographie des matériaux et déchets dangereux à bord des navires.

La SNCM a prétendu contre toute logique que l’exploitation de son car-ferry vétuste serait poursuivie en Turquie. Pour consolider son montage, la SNCM est passée par l’intermédiaire d’une compagnie fantôme, la Porto Navigation basée à Istanbul. Parti de Bizerte en Tunisie où l’ex-Ile de Beauté se faisait oublier, le Beau s’est immédiatement dirigé vers son chantier de démolition.

A la Casse n°27 de mai 2012 évoque dans la rubrique « The End » le cas du Pacific Princess et dans le n°32 d’août 2013 son départ vers la Turquie page 8.

A la Casse n°32 évoque le cas de l’Ile de Beauté dans la rubrique « Navires à passagers-Ferry » page 32.