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Les roublards

13h50 / Gaz et Nucléaire

Gaz
Un nouveau ship to ship (transbordement) de gaz sibérien a eu lieu le 6 avril 2022 au large du fjord de Mourmansk entre le Christophe de Margerie, méthanier brise-glace, armateur russe, pavillon Chypre, et le Clean Planet, méthanier conventionnel, armateur grec, pavillon Iles Marshall. Sauf contre-ordre, le Clean Planet se dirige vers le terminal gazier de Zeebrugge, Belgique. Un ship to ship strictement identique avait eu lieu les 24-25 mars et avait abouti à une livraison à Dunkerque le 30 mars.

Un précédent transbordement entre le méthanier conventionnel Clean Vision et le méthanier brise-glace Georgiy Ushakov a eu lieu le 13 mars. Le Clean Vision dans un premier temps devait livrer à Zeebrugge mais il a changé radicalement de destination. Il a traversé le canal de Suez et il est attendu en Chine à la mi-avril.

[1]En vert : trajet du Christophe de Margerie en pleine charge en provenance de Yamal. Source : AIS.
En bleu : trajet du Clean Planet sur ballast après avoir déchargé à Dunkerque. Source : AIS.

[2]Transbordement entre le Clean Planet et le Christophe de Margerie à l’abri de l’île de Kildin à proximité du fjord de Mourmansk le 6 avril 2022. Source : AIS.

Nucléaire

EDF dont le business plan passe par la ville fermée de Tomsk-7 alias Seversk, Sibérie, n’a toujours pas pris la décision de rompre les nouveaux contrats de conversion et d’enrichissement d’uranium qui la lient avec Rosatom depuis 2018. Selon une clause du contrat, EDF est en droit de le « terminer » et d’être indemnisée en cas de non respect des exigences qualité, environnementales et/ou sociétales. Après avoir déclaré à la dernière réunion du Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sécurité Nucléaire (HCTISN) le 8 mars qu’elle « manquait de recul » pour mettre un terme à ses contrats avec la Russie, EDF dans une note alambiquée récemment transmise au secrétariat du HCTISN confirme sa vocation de bouilleur de cru du nucléaire. Elle dit que « s’il n’est plus possible de travailler avec la Russie compte tenu des événements actuels en Ukraine, l’utilisation de l’uranium de retraitement [issu du complexe atomique de La Hague, Normandie] serait retardée ». Autrement dit, EDF persiste à penser que la Russie est une option fiable et viable et attend que l’Union européenne ou la France incluent dans la liste des sanctions la rupture de la coopération nucléaire avec la Russie. Les importations de charbon, de pétrole, de gaz et même de caviar sont sur la sellette mais pas touche au nucléaire et à l’enrichissement d’uranium naturel ou de retraitement en Russie destiné aux centrales nucléaires européennes et françaises.

Voir à ce sujet les communiqués de Robin des Bois :
“Sanctions envers la Russie : vont-ils oser ?” [3], 24 février 2022
“Le gaz russe avance masqué” [4], 18 mars 2022, mise à jour le 22 mars 2022
“Le virus russe” [5], 25 mars 2022