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Les scandales du Prestige

1- Information du public.
Les enseignements du naufrage de l’Erika et de la ramasse des déchets sur le littoral breton et vendéen n’ont pas atteint les rivages de la Galice. Des bénévoles et en particulier des enfants sont mobilisés sur la portion du littoral souillée par les premières arrivées d’un fioul toxique, susceptible au contact de créer des allergies, des troubles cutanés, et à l’inhalation des troubles respiratoires. Il importe donc de rappeler que les enfants, les personnes vulnérables avec une prédisposition asthmatique ou dermatologique, et les femmes enceintes doivent être systématiquement tenus à l’écart. Ce type de fioul contient des Hydrocarbures Polycycliques Aromatiques cancérigènes.


2- Mises en oeuvre des mesures post-Erika par les pays-membres de l’Union Européenne et par la Commission.

La décision considérée comme la plus urgente et facile à mettre en oeuvre était de renforcer le contrôle des activités des sociétés de classification. Le cas du Prestige, classifié par le bureau de contrôle français Véritas*, montre qu’aucun effort n’a été fait dans ce sens puisque comme Robin des Bois l’a annoncé dès le jeudi 14 novembre, le Prestige a été utilisé à Saint-Petersbourg comme stockage flottant. Notons au passage que le renforcement du mémorandum de Paris, un accord international sur le contrôle des navires dans les ports, était lui aussi à l’ordre du jour mais que la Russie, l’un des pays-membres, n’a pas cru bon de faire une inspection du Prestige au moment de son changement d’affectation et de son départ.


3- Stratégie du sauvetage.

Depuis 6 jours, la perte totale du Prestige est annoncée comme imminente. Fidèle à une option partagée avec les autorités françaises, l’obsession de l’Espagne a été de rejeter le navire accidenté en haute mer, et si possible au-delà du plateau continental.
Dans le cadre du naufrage attendu, le Prestige coulerait alors par plusieurs centaines de mètres de fond. Selon le discours et les pratiques habituels des autorités et de leurs conseillers, la cargaison soumise à des températures plus froides aurait tendance à se solidifier. En fait, dans ce cas de figure, la chute du Prestige ou de ses morceaux au fond de la mer créerait un site contaminé sous-marin avec une dispersion plus ou moins rapide et dans toute la hauteur de la colonne d’eau des particules d’hydrocarbures. Mais, si le navire coule sur le plateau continental, la marée noire sera foudroyante et se répandra par l’effet du balayage des courants et des marées sur une vaste zone maritime, y compris dans des zones de pêches pratiquées par les Espagnols et les Français, sur plusieurs centaines de kilomètres de littoral espagnol, voire français.
Les moyens de pompage qui sont actuellement en phase d’approche auraient dû être mobilisés dès le début de la crise et si possible dans une rade, un port-refuge, un abri qui aurait évité au navire de se fatiguer encore plus et inutilement. Sans omettre la possibilité que dans sa position actuelle, le Prestige se casse en deux et que l’une ou les deux.

 

* Pour plus de clarté, le Prestige est classifié par American Bureau of Shipping et ses procédures de gestion de la sécurité (International Safety Management) ont été validées par le bureau de contrôle français Veritas. Deux des plus importantes et reconnues sociétés de classification ont donc favorisé le dernier voyage du Prestige.