Après avoir été refoulé par la Turquie le 26 août 2022 et après avoir été refoulé par le Brésil en octobre 2022, le NAeL Sao Paulo, ex-Foch, est resté pendant trois mois au large du port de Suape, Etat du Pernambouc, en limite des eaux territoriales brésiliennes avec l’interdiction de rejoindre les eaux internationales.
Le 19 janvier 2023, le porte-avions en fin de vie en remorque de l’ALP Guard battant pavillon hollandais a pris la fuite, cap à l’est, à une vitesse de 3/4 nœuds. Il a été brièvement suivi par le patrouilleur de la Marine brésilienne NPA Macau P71. Le patrouilleur a ensuite regagné le port de Suape. Le convoi est sur le point de sortir de la Zone Economique Exclusive du Brésil.
A la suite d’un invraisemblable imbroglio financier, technique et politique, le NAeL Sao Paulo, 266 mètres de long, 30.000 tonnes d’acier dont plusieurs centaines de tonnes de peintures toxiques, d’amiante, de résidus d’hydrocarbures, de PCB (polychlorobiphényles), est banni depuis six mois et ne trouve aucun port refuge pour être inspecté et démantelé.
C’est une première dans l’histoire de la démolition des navires militaires ou civils.
Le sort du NAeL Sao Paulo est entre les mains du gouvernement brésilien, de la société MSK Maritime Services basée aux Iles Marshall qui l’a acheté aux enchères en mars 2021 pour le compte du chantier turc Sök Denizcilik et de la compagnie néerlandaise ALP Maritime Services BV, armateur du remorqueur ALP Guard. L’ALP Guard a pris le relais de l’ALP Centre le 3 décembre 2022.
MSK menace d’abandonner la coque en haute mer.
Dans son communiqué du 19 janvier 2023, l’Ibama (Instituto Brasileiro do Meio Ambiente e dos Recursos Naturais Renováveis) dit que l’amiante et les peintures ne présentent aucun risque aussi longtemps que l’ex NAeL Sao Paulo reste à flot. L’Ibama dit aussi que la seule solution est de le remorquer vers un chantier naval accrédité par l’Union européenne. Le plus proche du Brésil est situé à Brownsville, Texas. Le Brésil a pour principal usage d’envoyer ses navires à la démolition dans le sous-continent indien. Le porte-avions Minas Gerais a été démoli à Alang en 2004.
L’Amérique latine manque de chantiers de démolition des navires. Une cale sèche est disponible à Suape pour réaliser ces travaux indispensables à la protection de l’environnement et utiles au recyclage des métaux.
Le porte-avions NAeL Sao Paulo, ex-Foch construit à Saint-Nazaire en 1957-1960, sistership du Clemenceau, est dans un angle mort. A défaut d’une solution express dégagée dans les jours ou les semaines qui viennent grâce au Brésil et éventuellement à la diplomatie européenne, le chantier de démolition du porte-avions pourrait bien être le fond de l’Océan Atlantique.
A suivre.
[1]Convoi ALP Guard / NAeL Sao Paulo, 20 janvier 2023, 14h tu
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Voir aussi :
L’ex-Foch, jumeau du Clemenceau, en route pour la casse en Turquie [2], 25 août 2022
Quel avenir pour le Sao Paulo, ex-Foch ? [3], 2 septembre 2022
Le porte-avions Sao Paulo est banni au Brésil ! [4], 7 octobre 2022