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Lodève: la traque de l’arsenic

Ils ont vécu l’enfer pendant 6 ans. Au fil des années quatre chiens et un chat sont morts empoisonnés. Sur les murs, avec la pointe d’un couteau, il y a assez d’arsenic pour tuer un homme. La famille Vignon a contacté Robin des Bois le 8 janvier 2001, en même temps qu’elle recevait les premiers résultats des prélèvements effectués dans leur propriété. Une deuxième campagne d’analyses confirmant les résultats a amené Robin des Bois, en accord avec les propriétaires, à porter à la connaissance du public et de la presse cette nouvelle affaire d’intoxication à l’arsenic. Alors que l’unité de mesure de l’arsenic en matière de protection de la santé humaine ou de protection de l’environnement est le milligrame ou le microgramme, les analyses ont mesuré des taux atteignant les centaines de grammes! Le moulin du Bosc a été vendu en 1995 par un curé sans charité qui officie aujourd’hui à Mèze. Contrairement aux obligations légales existant depuis 1992, l’ex-propriétaire a omis d’informer l’acquéreur et le notaire des inconvénients et risques cachés liés au moulin et à ses remises.

En effet, 478 tonnes de pesticides à l’arsenic sous sa forme la plus dangereuse ont été stockées là à partir de 1960 à titre “provisoire”, conditionnés dans des sacs en papier. Ils provenaient de l’usine Pennaroya, à Avène-les-Bains, qui a été noyée par la retenue du barrage d’Avène. Après dix-huit années d’entreposage au cours desquelles les sacs en papier se sont désagrégés, l’arsenic en vrac aurait été, selon la préfecture de l’Hérault, évacué vers la mine d’or de Salsigne, où environ 14.000 tonnes de déchets arseniés sont aujourd’hui encore en attente de traitement. Cependant au moulin du Bosc, la cave murée devant laquelle des fûts et de l’arsenic en vrac ont été découverts pourrait encore receler des quantités indéterminées de déchets.

Robin des Bois demande que, conformément à l’offre de la préfecture de l’Hérault et à l’arrêté municipal de la Ville de Lodève, la famille soit très rapidement relogée dans des conditions décentes. Le site doit faire l’objet d’investigations approfondies, incluant les sous-sols des bâtiments et les terrains. Les recherches doivent être étendues à la rivière qui longe la parcelle polluée, notamment aux sédiments, à la flore et à la faune aquatiques. L’utilisation des eaux d’irrigation et les usages d’agrément du segment concerné de la Lergue doivent être suspendus en attendant les résultats des enquêtes.
Le lac de retenue du barrage d’Avène-les-Bains, alimenté par l’Orb, a donc submergé l’usine de production des pesticides incriminés. Il est important d’étendre les vérifications aux sédiments et au réservoir d’eau du barrage, ainsi qu’aux eaux del’Orb en aval.