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Non à l’intoxication du domaine public !

Dans son communiqué en date du 2 avril 2020 [1], Robin des Bois alertait sur les dangers environnementaux de la désinfection “à la chinoise” des villes en métropole et dans les territoires ultramarins.

Dans son avis « relatif à l’opportunité d’un nettoyage spécifique ou d’une désinfection de l’espace public » [4] (pdf – 1 Mo) publié le 4 avril 2020 suite à la saisine de M. Jérôme Salomon, directeur général de la Santé en date du 26 mars 2020, le Haut Conseil de la Santé Publique confirme les inquiétudes de Robin des Bois et recommande « de ne pas mettre en œuvre une politique de nettoyage spécifique ou de désinfection de la voirie dans le contexte de l’épidémie de COVID-19 ». Une autre recommandation préconise « de ne surtout pas employer d’appareils pouvant souffler des poussières des sols de type souffleur de feuilles ». L’avis du HCSP est axé sur l’utilisation de l’eau de javel tout en englobant tous les autres désinfectants chimiques.

Certaines municipalités continuent malgré les avis défavorables des Agences Régionales de Santé, du HCSP et de Robin des Bois à pulvériser en doses massives des désinfectants notamment des ammoniums quaternaires. Le plus utilisé d’entre eux est le chlorure de benzalkonium dont les effets irritants et allergisants sont bien connus depuis l’an 2000 de Robin des Bois et des bénévoles qui ont ramassé sur le littoral breton les résidus pétroliers de l’Erika. Il était présent en tant que bactéricide dans le fioul lourd livrable par Total à la centrale thermique de Livourne en Italie.

Les ammoniums quaternaires connus dans le jargon industriel sous le nom de « quats » sont nocifs par contact cutané et très toxiques pour les organismes aquatiques selon la fiche toxicologique n°253 [5] de l’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité).

Dans son rapport d’étude sur les « Principaux usages et possibilités de réduction des risques pour certains perturbateurs endocriniens avérés ou suspectés » [6] publié en 2012 (pdf – 2,65 Mo), l’Ineris précise que « Certains composés de l’ion ammonium quaternaire sont inscrits dans la liste des substances que les produits cosmétiques ne peuvent contenir en dehors des restrictions et conditions prévues […] et en particulier pour les chlorures de benzalkonium ». Le rapport de l’Ineris mentionne par ailleurs une étude américaine publiée dès 2008 selon laquelle des « quats » utilisés comme biocides dans les hôpitaux, les foyers domestiques et les bureaux pourraient provoquer des malformations congénitales et des problèmes de fertilité. Cette étude est cependant peu conclusive puisqu’elle s’appuie exclusivement sur des données d’expérimentation animale mais elle a été confirmée et consolidée par de nombreuses études convergentes.

Tous les experts estiment que les biocides comme l’eau de javel et les « quats » et leurs produits halogénés de décomposition mettent en danger les organismes aquatiques. D’ailleurs, l’avis du HCSP du 4 avril 2020 souligne que « si un tel traitement était appliqué, il conviendrait de ne pas le recommander aux abords immédiats de ports, de rivières ou autres milieux aquatiques si leur ruissellement peut se faire directement dans le milieu ». Sans le citer, il est évident que les experts du HCSP ont en perspective le secteur de la conchyliculture et en particulier celui de l’ostréiculture déjà durement touchés par les conséquences économiques de la crise COVID-19 et par de nombreux épisodes antérieurs de contaminations et de mortalités.

En conséquence, l’ONG Robin des Bois demande aux maires de renoncer à cette pratique inconsidérée et conseille à tous les habitants des villes concernées et aux associations locales d’intervenir dans ce sens.