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Pasbeau-poubelle

Le jargon de la préfecture maritime, de la Marine Nationale et du sous-préfet de Brest relatif à “l’océanisation” du Victor correspond effectivement à un besoin sémantique spécial et nouveau tant les cafouillages, les non-dits, les errements et les incoordinations des services compétents sont propices aux naufrages et à l’abandon des navires en mer.

Les exemples de l’Erika, du Ievoli Sun et du Victor sont à cet égard instructifs. Ils sont tous les trois au fond de la mer grâce à l’action conjuguée des chargeurs, affréteurs, et des nombreuses autorités de tutelle. Ils témoignent tous les trois du recel de bateaux-poubelles auquel se livrent en Europe les ports, les autorités, et les milieux d’affaires. Ces trois navires étaient abonnés au trafic inter-européen.

Pour autant, “l’océanisation” du Victor est entachée d’irrégularité en ce sens qu’elle n’a pas respecté la loi du 7 juillet 1976 relative à la prévention et à la répression de la pollution marine par les opérations d’immersion. En effet, le ministère de l’environnement n’a jamais eu à examiner de dossier visant à autoriser l’immersion du Victor. L’autorisation préalable du ministère de l’environnement était en l’occurrence indispensable. Elle aurait pu éventuellement être accordée si l’inventaire des matériaux toxiques et des filières d’extraction et d’élimination avait été présenté et discuté, si l’ensemble des solutions alternatives avaient été présentées et prises en considération.

Il n’en a rien été. Tout s’est déroulé dans l’opacité, hors de tout contrôle réglementaire, grâce à quelques accointances entre la préfecture du Finistère et le préfet maritime. A 150 milles de Brest, soi-disant dans un endroit “dédié”, une nouvelle décharge sous-marine se crée, là-même où plusieurs milliers de tonnes de nitrate d’ammonium extrait du Junior M, autre bateau-poubelle, avaient été immergées avec, cette fois, l’autorisation préalable du ministère de l’environnement, qui n’a cependant pas été destinataire du moindre compte-rendu réglementaire des opérations et de leur suivi.


Une fois de plus, Robin des Bois demande la destruction en chantier naval européen de tous les navires sous-normes et dénonce l’implication de la marine nationale en tant qu’éliminateur de déchets et gestionnaire de décharges sous-marines.

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Exemples de matériaux et substances toxiques ou considérés comme nuisibles pour l’environnement marin: amiante, pyralène, revêtements et peintures biocides, plastiques, goudrons et sédiments d’hydrocarbures. Étant donné la confidentialité des opérations -le Victor est parti du port militaire de Brest- il n’est évidemment pas impossible que des objets ou matériaux encombrants supplémentaires aient été introduits dans le Victor avant son dernier appareillage.