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Seineland

« Il s’agit d’offrir aux franciliens un espace public majeur de plusieurs hectares pour de nouvelles pratiques économiques culturelles et sportives ». Salons, foires, restaurants, commerces, loisirs, Tour de France, espaces événementiels, boîtes de nuit, le projet est destiné à accueillir la mixité des divertissements et le métissage de concessions lucratives. A court de foncier, la Mairie de Paris a trouvé dans le patrimoine mondial de l’UNESCO quelques hectares d’eldorado, ce qui ne l’empêcherait pas si le projet est entériné de faire la chasse aux subventions auprès d’organismes publics comme l’Agence de l’Eau Seine-Normandie ou l’ADEME pour sensibiliser les usagers à la gestion de leurs mégots et gobelets.

Ce projet brouillon agrémenté d’esquisses et de photomontages séducteurs et réducteurs affiche malgré l’incontournable gestuelle écologique et la dérisoire sémantique durable un mépris profond pour la biodiversité, les martins-pêcheurs et les respirations du fleuve.

Dans ce grand alibi festif, culturel, sportif et roboratif mêlant sur 500 pages Musée d’Orsay et cabanes à frites, le plus affligeant est de ne rencontrer aucune mention des bouquinistes qui de droite et de gauche sont les alliés historiques et fragiles de la Seine.

L’inventaire faune / flore des berges et des jardins de la Seine de l’avis même du dossier qui a été soumis à l’enquête publique cet été est « sommaire ». La localisation des espèces protégées est cachée, de même que la localisation des arbres à abattre.

Ce projet d’aménagement des berges implique de nouvelles emprises sur le lit de la Seine et les effets de ces empiètements supplémentaires sur la sécurité des trafics fluviaux de touristes, de marchandises, de déchets et de matières dangereuses ne sont pas étudiés.

Les modalités de gestion de toutes les installations en cas de crue et d’inondation sont imprécises. Elles peuvent survenir sur les berges basses de la Seine en moins de 48h. Le dossier est silencieux sur les réelles capacités de retrait dans des délais brefs des différents modules, matériaux et marchandises installés et stockés en bord de Seine. Dans une certaine mesure la ville de Paris décline toute responsabilité dans ce domaine et reporte la gestion de crise sur la préfecture de Paris et sur l’Etat.

Les reports des trafics routiers, 2 et 4 roues, et leurs retombées atmosphériques et acoustiques sont calculées au doigt mouillé avec incompétence et désinvolture. Le supplément de pollution induit par la transformation de certains secteurs des voies sur berge en boulevards urbains avec des interruptions de trafic aux feux tricolores est oublié.

La compatibilité de la colonisation des berges de la Seine par les activités privilégiées de sport, de « nature » et de « culture » avec le classement des berges de la Seine au patrimoine mondial de l’UNESCO n’est pas explorée d’une manière complète, exigeante et rationnelle.

Seuls 4 arrondissements de Paris sont concernés. Il n’y pas d’harmonisation avec les autres arrondissements et communes limitrophes traversés par la Seine. De même est constatée la déficience de concertation avec les autres gestionnaires de la Seine que sont le grand port de Paris et Voies Navigables de France.

En conséquence, Robin des Bois souhaite que ce projet capital soit reconsidéré.