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Seveso à Fouquières-lès-Lens

D’après une campagne de mesures dont les résultats ont été publiés à la mi-août par la Drire du Nord-Pas-de-Calais (Direction Régionale de l’Industrie, la Recherche et l’Environnement), Recytech rejette par sa cheminée environ 205 g/an de dioxines. Soit la moitié du rejet total du parc des incinérateurs français évalué par l’Ademe (Agence pour l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie). Recytech, filiale de Metaleurop, recycle le zinc des poussières d’aciéries françaises et belges. Ces poussières sont des déchets industriels spéciaux, résidus de l’épuration des effluents atmosphériques de la sidérurgie. Depuis son ouverture en 1993, Recytech aurait donc rejeté 800 g de dioxines, soit 200 g de plus que l’ensemble des dioxines contenues dans le réacteur de l’usine Hoffman-Laroche de Seveso et transportées, en mélange à du matériel auxiliaire contaminé, dans les 41 fûts qui du 10 septembre 1982 au 19 mai 1983 ont fait l’objet d’une course poursuite.

Robin des Bois demande la suspension immédiate des activités de cette usine dangereuse pour ses 41 ouvriers et l’environnement. Le dogme politique du recyclage et la réduction du volume de déchets bruts ne saurait justifier le fonctionnement d’une telle usine à dioxines. Une nouvelle expertise sur les teneurs en polluants – dont les dioxines – des poussières importées et traitées par Recytech s’impose, ainsi qu’une nouvelle procédure d’autorisation. Les pollutions du recyclage des métaux ferreux et non-ferreux doivent être prévenues et maîtrisées. Elles sont aujourd’hui les principales sources de dioxines atmosphériques.

Informations complémentaires :

Ordre de grandeur :

Recytech rejette par an l’ordre de 205 g de dioxines. La production globale annuelle de la Hollande est estimée à 484 g, la production globale annuelle de l’Allemagne à environ 400 g.
– L’inventaire européen des sources de dioxines commandé par l’Union Européenne (DGXI) à la North-Rhine Westphalia State Environment Agency estime en 1997 la production globale de 17 pays européens dont la Suisse à 6.500 g. Dans le pire des cas les dioxines co-produites dans les 17 pays dans le domaine de la deuxième fusion du zinc, zinc de recyclage, sont évaluées à 1 kg 200 pour une production de deux millions de tonnes. La capacité nominale de Recytech est de 80.000 tonnes par an.

Contexte juridique et administratif :

– Une procédure de contrôle des contaminations dans les denrées alimentaires d’origine animale doit être mise en œuvre par les Etats de l’Union Européenne. Elle oblige à rechercher les résidus toxiques, dont les dioxines, dans les viandes animales, y compris les poissons, et dans le lait et les produits laitiers (Directives 86/469 et 9246).
– La Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance inclut les dioxines dans son groupe de travail spécifique aux POP (Polluants Organo-Persistants).
– Les Parties à la Conférence sur la Mer du Nord se sont engagées à réduire de 50 % au plus tard en 1999 les rejets, émissions, et pertes de 4 substances dangereuses, dont les dioxines.
– En France, l’inventaire national des sources de dioxines est en retard. En plus des mesures sur les rejets des incinérateurs et dans un deuxième temps des installations industrielles menées par les Drire à la demande du Ministère de l’Environnement, le CAREPS (Centre Rhône-Alpes d’Epidémiologie et de Prévention Sanitaire) financé par l’Ademe lance une étude de la “Connaissance de l’imprégnation de la population française aux dioxines”.