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Stade de France : le gazon taudis

Quelques jours avant l’avis de la commission préfectorale de sécurité concernant le Stade de France, il nous paraît important de mettre à la disposition des journalistes et du public les informations suivantes :

– La nappe de 25.000 m3 d’eau contaminée par des hydrocarbures et de l’ammoniaque située sous le gazon du Stade de France présente en certains endroits une concentration atteignant 50 % du seuil d’explosivité. Des dispositifs (oxydeurs catalytiques) ont été installés d’urgence dans “le parking des CRS”, pour brûler les parties les plus touchées.

– La zone sud-est de cette nappe qui aujourd’hui est la plus contaminée correspond à la partie la plus dégradée du gazon du Stade de France.

– Le débit de dose de la chambre de rejets des gaz captés entre la nappe et la pelouse correspond à 3 kg/h d’équivalent méthane. Le rejet se compose en fait de 12 hydrocarbures aromatiques polycycliques tous considérés comme toxiques ou cancérigènes. Il s’effectue sans autorisation préfectorale à partir de la “salle des suites” implantée entre le stade et l’A86.

– Le rendement du réseau de drainage et de captage des gaz souterrains garantit selon les constructeurs, que la teneur en gaz volatils au niveau de la pelouse ne dépasse pas la valeur limite d’exposition pour l’homme, (soit 115 micro grammes/litre d’air) calculée sur la base d’une journée de 8 heures de travail. C’est un mensonge de prétendre que la migration des émanations toxiques à travers la pelouse et son substrat artificiel est totalement détournée.

– L’enceinte du stade se trouve précisément sur la trajectoire d’écoulement des eaux résiduaires de la Plaine St Denis, la plus ancienne zone industrielle de la région parisienne qui dès 1860 accueille des tanneries et 10 grandes usines de produits chimiques et métallurgiques. Pendant la première guerre mondiale, certaines de ses usines se sont reconverties dans la fabrication de gaz asphyxiants. Le niveau de la nappe, beaucoup plus bas il y a 20 ans, remonte progressivement après l’arrêt des pompages industriels et des captages à usage de consommation humaine.

– Au cours de l’année 1997, la nappe du Stade de France a subi des variations de niveau atteignant 2 m. A l’extérieur de la paroi périphérique en ciment et en argile synthétique qui encercle la nappe, l’épaisseur des hydrocarbures surnageant atteint aujourd’hui 50 cm et pourrait à terme poser des problèmes de sécurité. Cette enceinte est implantée jusqu’à 9 m de profondeur à l’aplomb extérieur de l’ellipse de la toiture. La nappe se réalimente par les niveaux inférieurs.

– Dans le cadre de la réduction des effets nocifs de cette nappe, aucune information ou concertation n’a abordé la vulnérabilité de la pelouse et il n’y a en France aucun spécialiste de la pathologie écotoxicologique des pelouses. Les calculs de dose ont été effectués en fonction d’une seule cible : l’homme. Le laboratoire d’écotoxicologie végétale de l’INERIS (Institut National de l’Environnement Industriel et des Risques) a démontré la sensibilité de certains végétaux comme l’orge et la laitue aux sols pollués par les hydrocarbures des usines à gaz.

D’autre part, des inquiétudes ont été exprimées par les organismes de contrôle sur la tenue à moyen terme des bétons de fondation et de scellement des mâts de soutien de la toiture. Dans un premier temps ces organismes ont refusé de garantir la pérennité de l’ouvrage au-delà de 15 ans. La formulation des bétons en contact avec les eaux polluées a été modifiée mais les tests de vieillissement accéléré n’ont pas pu être réalisés, faute de temps.