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Un œil sur la mer

1 – Mer du Nord.

Depuis le 10 août, une marée noire est en cours en Mer du Nord à 180 km à l’Est d’Aberdeen, Ecosse. Le pétrole brut s’échappe d’une canalisation sous-marine connectant les puits E et F du champ d’exploitation Gannet opéré par Shell. Le réseau de pipeline court sur le fond de la mer par 95 mètres de profondeur. Les réservoirs de pétrole sont entre 2.700 m et 1.700 m sous le fond de la mer. Selon Shell, la fuite serait inférieure à 795 litres/jour (5 barils/jour) mais les exploitants sous-estiment généralement les débits en cas d’accident. Des hécatombes de pingouins guillemots nombreux sur zone en été sont prévisibles. Les autres espèces exposées sont les pingouins torda et les macareux. Ce secteur de la Mer du Nord est notamment fréquenté par les maquereaux, les soles et les églefins. Cette marée noire est une atteinte à la biodiversité et pénalise une fois de plus les activités de pêche. En 2009 et 2010, dix fuites ont été constatées sur le champ pétrolier Gannet dont 9 auraient été inférieures à 1 tonne. Selon la convention OSPAR pour la protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est, les risques de fuites en provenance des pipelines de la Mer du Nord sont en progression. L’exploitation du pétrole entre dans une phase particulièrement dangereuse pour l’environnement : la production diminue de même que les opérations de surveillance et de maintenance sur un réseau global de 50.000 km de canalisations. Dans le cas particulier, les mammifères marins migrateurs comme les petits rorquals ou sédentaires comme les marsouins et les phoques gris sont aussi menacés par la dérive du pétrole.

2- Golfe de Gascogne.

Après le naufrage du cargo Union Neptune le 23 juillet à proximité de l’Ile d’Oléron et sa « stabilisation » sur les fonds selon les termes de la préfecture maritime, 2.200 tonnes d’oxydes de fer colmatent les fonds marins. Les panneaux de cales se sont ouverts lors du naufrage. L’oxyde de fer est un polluant aquatique. Il est nocif. Il provoque des brûlures des muqueuses et de la peau. Aux Etats-Unis il entre dans la composition de désherbants. Là où il est répandu, il va stériliser les fonds. Il contient des traces non négligeables de chrome. Et pourtant, Ifremer a rendu à la préfecture maritime de l’Atlantique un avis d’expert selon lequel la cargaison de l’Union Neptune ne représente pas, maintenant qu’elle en est sortie, un danger pour l’environnement ; en conséquence le préfet maritime n’a pas exigé son enlèvement auprès de l’armateur Norswede Shipping KS. Ifremer a confondu la mer avec un bassin de décantation et encourage ainsi les armateurs à utiliser des cargos sous normes pour le cabotage intra-européen. L’armateur norvégien de l’Union Neptune, battant pavillon des îles Cook, a seulement été mis en demeure de retirer de l’épave environ 22 tonnes de fuel de soute. Des irisations sont déjà visibles. L’armateur interviendra-t-il à temps ?