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Une petite affaire poisseuse entre Européens

Sujet: bateaux sous-normes

 

Un navire fantôme détenu dans le port de commerce de Cherbourg s’est enfui le mardi 7 décembre à 19 h, en direction de l’Europe du Nord. Immobilisé dans le cadre du Mémorandum de Paris, le Sunbeam n’était pas surveillé et a rejoint le club assez fermé des bateaux en cavale apparemment recherchés par les autorités portuaires des pays-membres, soit tous les pays européens plus le Canada, la Croatie, la Norvège, l’Islande et la Fédération de Russie; ce qui n’a pas empêché le Sunbeam de toucher Zeebrugge, après son escapade de Cherbourg, et d’en repartir sans encombres. Le Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’état du port est un accord international de coopération visant à renforcer la sécurité maritime et la protection de l’environnement marin. Son principal moyen d’action relève des inspections dans les états où les navires font escale. Ces inspections ont pour mission de vérifier la conformité du bord aux conventions internationales maritimes.

Le Sunbeam avait seulement 2 membres d’équipage, et remontait de l’archipel espagnol des Canaries jusqu’au Danemark. Il est immatriculé à La Paz, en Bolivie. Le R Jupiter (ex roumain Oscar Jupiter) parti de Saint Nazaire le 1er décembre 2000 pour une destruction programmée au Pakistan mais retrouvé au Pirée en Grèce en train de se faire réparer battait pavillon bolivien. Le pavillon bolivien est une zone refuge pour les bateaux sous-normes. Il est avec l’Albanie, la Corée du Nord, Sao Tomé-et-Principe et les îles Tonga sur la “liste noire” des pavillons de complaisance établie par le Mémorandum de Paris. Il peut aussi exister des faux papiers d’inscription au registre bolivien, Robin des Bois, l’ambassade de Bolivie et les Affaires Maritimes de Brest l’ont démontré en hiver 2000-2001 à propos du Han (ex- Palatial 1) immobilisé dans le port breton.

Le Sunbeam, lui, n’a pas attendu les effectifs supplémentaires et les appareils de navigation exigés par les Affaires Maritimes de Cherbourg.

Voici comment grâce au maillage renforcé de surveillance et de coopération européenne, le Sunbeam, 50 m de long, ex chalutier de grande pêche racheté par des armateurs scandinaves, réussit à remonter tout l’Atlantique Nord en plein hiver avec 2 membres, dont le nouveau propriétaire, pour tout équipage et à gagner le port d’Hirtstshals au Danemark, sa destination initiale. Au défaut de veille à la passerelle du Sunbeam s’ajoute le défaut de veille de toutes les autorités maritimes d’Europe de l’Ouest, même s’il est vrai qu’un bon ciblage des Douanes Françaises l’avait contraint à rejoindre Cherbourg… pour 3 jours.