Réalisée par ORTEC GSI à la demande de METALEUROP, la mise en sécurité du Moulin du Bosc est un échec. Malgré l’évacuation de plus de 18 tonnes de déchets arséniés vers le centre d’enfouissement de Stocamine en Alsace, le rapport de fin de travaux rédigé par ANTEA conclut que les analyses des prélèvements de contrôle “indiquent encore de fortes teneurs en arsenic pour l’ensemble des zones traitées. A l’évidence sur ce site la pollution anthropique est étroitement imbriquée et imprégnée dans le bâti et à sa proximité.” Le propriétaire actuel du moulin et sa famille sont donc toujours exposés à la contamination, la mort par empoisonnement d’un de leurs chiens début décembre le confirme
Sans attendre que la justice, saisie de multiples plaintes dans cette affaire, condamne les responsables de la filière clandestine de l’arsenic qui ont pollué une dizaine de sites dans la région de Lodève, une décision urgente doit être prise pour reloger les habitants du Moulin du Bosc. Le Conseil Général de l’Hérault, actionnaire de la Compagnie Nationale d’Aménagement de la Région du Bas-Rhône et du Languedoc (BRL) qui est à l’origine de la dispersion dans le lodévois des produits et déchets arséniés issus de l’ancienne mine d’Avène, est bien placé pour effectuer ce relogement. Une proposition d’accueil dans le parc de logements du Conseil Général permettrait de mettre un terme à la contamination chronique des habitants du moulin.
Ceux-ci ont été victimes d’une coalition d’intérêts locaux qui a organisé la rétention des informations sur la pollution du site. A Lodève et dans l’Hérault, beaucoup de monde savait que le Moulin du Bosc était un piège pour son acheteur. En 1992 par exemple, le Conseil Général avait commandé une étude sur “l’origine des concentrations élevées en arsenic dans les eaux souterraines de la région du lac du Salagou“. Des prélèvements ont été effectués au moulin, mais: “L’analyse des prélèvements d’enduits verdâtres sur les sols et les murs a identifié essentiellement du cuivre avec présence d’arsenic (le laboratoire de géochimie n’a pas pu nous fournir les valeurs des concentrations)“.
L’imprégnation de l’arsenic dans les structures du moulin impose vraisemblablement sa destruction, la dépollution complète des sols et des sous-sols de l’emprise, et l’évacuation des déblais vers Stocamine, seul site autorisé en France à stocker les déchets industriels spéciaux les plus toxiques.
Une nouvelle réunion de l’ensemble des intervenants sur ce dossier est organisée par le sous-préfet de Lodève vendredi 14 décembre. Au vu des résultats décevants obtenus au Moulin du Bosc après deux semaines de travaux, la DRIRE Languedoc-Roussillon devra imposer des opérations de dépollution approfondies pour l’ensemble des sites identifiés, au-delà des simples mesures de “mise en sécurité”.
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