La décision de retirer les homologations et d’interdire l’usage des pesticides formulés à base d’arsénite de soude a été prise en novembre 2001 par le Ministère de l’Agriculture, avec effet immédiat. Le caractère cancérigène pour l’homme de l’arsénite de soude a motivé cette interdiction. Il est utilisé en viticulture dans des formulations liquides permettant sa pulvérisation. Mais aucun dispositif de collecte des bidons déjà distribués chez les viticulteurs, dans les coopératives, ou encore stockés chez les producteurs n’a été mis en place.
Cette négligence des pouvoirs publics et des filières professionnelles est inquiétante: bien qu’interdit, l’arsénite de soude a encore été employé cet hiver dans les principales régions utilisatrices, le Languedoc-Roussillon, l’Aquitaine et Poitou-Charentes. Les données disponibles sur les stocks existants sont variables selon les intervenants: environ 1500 tonnes selon le ministère de l’Agriculture, de 600 à 1200 tonnes selon l’Union des Industries de la Protection des Plantes (UIPP), dispersés en majorité chez les distributeurs et utilisateurs.
L’élimination de ces pesticides n’est pas encore assurée, le choix d’une filière devrait être décidé aujourd’hui -ainsi que les modalités de retrait-, si les atermoiements financiers des uns et des autres (producteurs, distributeurs, utilisateurs, ministère de l’Agriculture et ministère de l’Environnement) sont surmontés. Dans l’attente de la mise en place effective d’un processus contrôlé d’inventaire, de collecte, de transport et d’élimination de l’arsénite de sodium, Robin des Bois redoute la dispersion des stocks à l’étranger, ou l’élimination sauvage en France par des détenteurs peu scrupuleux, ou mal informés. A titre d’exemple, l’interdiction de l’arséniate de calcium en 1973 a eu pour conséquence dans l’Hérault la dispersion et la dissimulation de centaines de tonnes de pesticides à usage viticole dans des friches industrielles ou des bâtiments abandonnés. En 2001, Robin des Bois a redécouvert une partie de ces stocks enfouis chez un particulier, dans les emprises de l’ancienne usine à gaz de Lodève, et dans différents sites appartenant au domaine public.
En décembre 2003 entrera en vigueur l’interdiction de l’atrazine. Des stocks de pesticides beaucoup plus importants que ceux d’arsénite de soude seront à collecter et à détruire. Les cafouillages et conflits d’intérêts actuels montrent qu’il faut dès maintenant anticiper ce retrait en sécurisant les aspects financiers et techniques de la future collecte et de l’élimination.
Imprimer cet article