Quelques jours après la visite du Président de la République à l’arsenal de Brest consacrée aux nouvelles missions de sécurité maritime et de protection de l’environnement attribuées à la Marine Nationale, la préfecture maritime de Brest s’est engagée depuis 24 heures dans un processus d’immersion de 4 ex-avisos escorteurs.
Ces navires ont été sommairement débarrassés des hydrocarbures liquides mais des tonnes de dépôts au fond des soutes et dans le compartiment machines sont restées en place ainsi qu’une centaine de tonnes d’amiante. L’amiante en milieu marin ne peut pas être considérée comme un minéral inerte ; des recherches scientifiques commencent à prouver que sa libération au fil du temps et de la corrosion menace tous les étages de la vie aquatique.
Si, aux yeux du cabinet du ministère de la Défense, ces immersions passent comme légales au niveau international, elles n’en constituent pas moins un dégazage et une contamination volontaire.
Par contre aux yeux de la loi française, cette immersion constitue une infraction à la réglementation sur le dépistage et l’élimination de l’amiante ainsi que des matériaux contenant ou ayant contenu du pyralène (transformateurs, condensateurs et autres équipements électriques et hydrauliques embarqués). Le pyralène, appellation commerciale française des PCB, est une substance toxique dans tous les milieux, persistante et bio-accumulable.
En conséquence Robin des Bois, membre de la commission du plan national d’élimination des PCB et des matériaux souillés au PCB, saisit le ministère de l’écologie et la préfecture maritime de Brest afin que soit clairement établi le diagnostic PCB du Commandant Bory, dont l’immersion est imminente, et de ses sister-ships ; nous entendons être destinataires de documents disant qu’il n’y a jamais eu d’équipements au PCB sur ces navires ou démontrant leur extraction et leur élimination dans des filières agréées.
Enfin, de telles opérations d’immersion pour les navires militaires comme pour les navires civils seront interdites à partir du 31 décembre 2004 par la commission internationale Ospar pour la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est. Pourtant, malgré les demandes anticipées et réitérées de Robin des Bois, aucune réflexion ou action n’est menée par les autorités civiles ou militaires sur des méthodes alternatives visant à déconstruire à terre et à recycler les métaux ferreux et non-ferreux. Dans l’absence de telles installations en France et sachant que les chantiers de démolition en Turquie, en Asie et en Chine sont inacceptables en terme de protection sanitaire des ouvriers et de l’environnement, Robin des Bois souhaite que des contacts soient pris avec les autorités anglaises, dans le cadre de la convention internationale pertinente (convention de Bâle) et le chantier ABLE Ship Recycling qui dit avoir les capacités de démantèlement. Dans le port militaire de Brest, il reste une trentaine de navires ou d’objets flottants dont l’immersion serait programmée d’ici la fin de l’année.
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