Le réseau des stockages de farines et de graisses animales tisse sa toile, mais sur le terrain l’application des prescriptions techniques relatives à leur transport, leur entreposage et leur élimination s’avère déjà problématique sur plusieurs sites, tandis que la synthèse et la diffusion des informations sont confuses au niveau national.
– A Plouisy (Côtes-d’Armor), un hangar situé à 50m d’un cours d’eau et à 100m des habitations, déjà sinistré en 1999 (autocombustion des farines animales stockées), a été de nouveau réquisitionné par la Préfecture pour recevoir 38.000 tonnes de farines. Les volées de pigeons qui nichent dans le hangar sont assurées de faire bombance. Les riverains regroupés au sein du collectif “Au pied du silo” dénoncent le double langage préfectoral, qui leur avait assuré avoir interdit le stockage de farines animales sur ce site.
– A Caudan (Morbihan), la société de transports routiers “Rivalan SA” stocke depuis 1996 des farines animales à hauts risques dans des conditions précaires: le hangar utilisé n’est pas étanche, des mottes de farines tombent à l’extérieur où elles sont dispersées par la pluie, le vent, ou consommées par des animaux sauvages. Le site a été néanmoins retenu pour recevoir de nouveaux flux de farines.
– A St-Saturnin-du-Limet (Mayenne), les voisins du stock habitent à 20m, 60m et 80m. Ils ont une vue imprenable sur les vitres brisées du bâtiment rafistolées à la hâte avant l’arrivée des camions, le 20 novembre. Un cours d’eau, le Chéran, coule à 150m en contrebas. Aucune information n’a été donnée aux riverains par la Préfecture.
– La possibilité d’enfouir les farines et les graisses animales dans des décharges de classe 2 (ordures ménagères et déchets assimilés) est inscrite dans le cahier des charges des prescriptions techniques diffusé par la Mission Interministérielle pour l’Elimination des Farines Animales (MIEFA). Les assurances verbales selon lesquelles “cette solution n’est pas envisagée”, délivrées lors de la conférence de presse de la MIEFA le 8 décembre 2000, sont loin d’être convaincantes. Robin des Bois s’oppose à cette option qui favoriserait la dispersion des farines et des graisses animales dans les sols, ou la contamination de la chaîne alimentaire par l’intermédiaire des nombreux animaux qui peuplent les décharges.
– Enfin d’importantes lacunes subsistent sur les quantités d’aliments pour animaux contenant des farines ou des graisses animales suspendus à la vente depuis le 14 novembre dernier mais encore stockés chez les fabricants et les revendeurs.
Face aux premières approximations et dysfonctionnements du dispositif d’élimination des farines et des graisses animales, Robin des Bois réaffirme la nécessité de créer une Commission Nationale d’Information et de Surveillance ouverte aux associations, aux syndicats, aux industriels et aux représentants des ministères intervenant dans la filière. Cette structure favoriserait la transparence et éviterait la fragmentation actuelle de l’information dans ce dossier sensible.
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