Sur le front des vieilles farines stockées depuis 3 ans dans des entrepôts inadaptés, les affaires se compliquent dans la pénombre.
La plupart des sites (750.000 t cumulées) sont progressivement et irréversiblement envahis en surface par des moisissures de la famille des Aspergillus gr. glaucus, porteuses de pathologies allergiques diverses comme les rhinites, les dermatites et les asthmes. A Pleines-Fougères, en Ille-et-Vilaine, jusqu’à 190 millions de spores par cm2 ont été dénombrés. Les causes de ces proliférations sont multiples: les hangars sont humides, non cloisonnés, ouverts aux courants d’air et à une contamination externe. Ils sont régulièrement visités par des animaux indésirables -oiseaux, rongeurs- et des équipes de maintenance et de surveillance qui agissent en tant qu’agents de dispersion interne. Le nombre de moisissures et de bactéries est tel que, selon les spécialistes, les stocks sont des réservoirs susceptibles de contaminer l’environnement et dans certaines conditions d’humidité les ensilages agricoles et stockages de céréales.
Les scientifiques, tout en considérant que les risques sont minimes mais évolutifs, recommandent que les visites soient encadrées par un protocole visant à éviter toute inhalation ou contamination superficielle. 200 t de farines les plus contaminées ont été retirées des stocks de Pleines-Fougères et incinérées à Lamballe et à Nantes en été 2003. Des observations et analyses récentes ont montré que la colonisation de ce stock de farines animales par la flore fongique n’est pas éradiquée. “On en est à un taux de moisissures comparable à celui qui est toléré dans les farines panifiables”, dit-on dans les milieux vétérinaires spécialisés. Peut-être, mais il n’en reste pas moins qu’il y a de plus en plus de victimes de troubles allergiques en milieu urbain comme en milieu rural.
Un appel d’offres européen a été lancé il y a quelques semaines sur le déstockage et l’élimination des 17.000 t de farines restant à Pleines-Fougères. Le marché, y compris les bâches en plastiques de couverture, aurait été attribué à un cimentier allemand. 150.000 t / an de farines “fraîches” seraient exportées vers l’Allemagne, sans respecter les exigences de confinement absolu et le critère des camions dédiés. Selon certains témoignages, les camions à leur retour d’Allemagne transporteraient des frets divers.
La situation, dans l’état actuel de nos connaissances n’est pas catastrophique mais elle est préoccupante et elle s’éternise. Au départ en novembre 2001, à l’annonce du retrait total des farines dans le secteur de l’alimentation animale, il était annoncé que l’entreposage ne durerait au maximum qu’une année pour chaque lot de farines.
C’est pourquoi Robin des Bois demande qu’une réunion de la Commission Nationale d’Information pour le Stockage et l’Élimination des Farines Animales (CNISEFA), dont il est membre, intervienne dans les meilleurs délais. Il ne s’en est pas tenu depuis le 27 mars 2003. Le rythme normal est d’une réunion tous les 3 à 4 mois. La réunion à venir permettra aussi de faire le point sur d’autres points cruciaux que sont l’évolution de la réglementation européenne et française, et les conditions de désinfection des lieux de stockage.
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