Les dioxines planent au-dessus des barbecues

17 juin 2003

Dioxines, benzène, toluène, phénols…des condiments insoupçonnés peuvent relever les grillades. Au menu des barbecues, les dioxines sont le plat de résistance, émises en continu pendant la combustion. D’ingénieux recycleurs ajoutent d’autres ingrédients: du charbon de bois produit avec des déchets industriels spéciaux fournis par la SNCF.

Organiser un barbecue familial sur du charbon de bois produit à partir de vieilles traverses de chemin de fer imprégnées de créosote, avec la SNCF et la société SIDENERGIE S.A., c’est possible ! Vendu en grandes surfaces sans mention de la nature et de l’origine des bois utilisés, le “charbon de bois à usage domestique “ fabriqué à Laval-de-Cère (Lot) par SIDENERGIE sur un site pollué par PECHINEY a bénéficié d’une dérogation aux réglementations française et européenne. En effet, l’arrêté du 7 août 1997 “relatif aux limitations de mise sur le marché et d’emploi de certains produits contenant des substances dangereuses” mentionne clairement que l’utilisation des bois anciennement traités à la créosote est interdite “...pour la confection de matériels susceptibles de contaminer des produits bruts, intermédiaires et/ou finis destinés à l’alimentation humaine et/ou animale (fabrication de charbon de bois par exemple).” Pourtant, le 14 septembre 1999, le Conseil Supérieur d’Hygiène Publique rend un avis autorisant la fabrication de charbon de bois à partir de ces déchets industriels. Le 26 octobre 2001, la Commission européenne confirme l’interdiction et rappelle: “…il existe des éléments scientifiques suffisants pour soutenir l’idée que la créosote…et/ou le bois traité avec cette créosote présentent un risque de cancer pour les consommateurs et que l’ampleur du risque est clairement préoccupante.”

Et pour cause: la créosote est un distillat de goudron de houille sous-produit par les cokeries. Elle est utilisée par la SNCF comme fongicide pour ses traverses. Plus de 300 composés y sont présents à des concentrations variables, dont de nombreux sont toxiques, tels que les hydrocarbures aromatiques polycycliques, le benzène, le toluène, le xylène, des composés hétérocycliques azotés, soufrés, oxygénés, des dérivés du phénol (1 à 3%). Or les phénols sont identifiés parmi les “progéniteurs” de la formation des dioxines pendant la combustion. Mais selon la direction de SIDENERGIE, tous les composés de la créosote seraient détruits dans ses fours. Le volume de bois traité va passer de 10.000 t/an à 18.000 t/an. L’usine est autorisée par arrêté préfectoral à rejeter chaque jour 109 kg de composés organiques volatils dans l’air. A Laval-de-Cère, plusieurs riverains se plaignent des retombées de suies et de fumées nauséabondes.

Sans même utiliser le “charbon de bois à usage domestique ” de SIDENERGIE, les barbecues sont déjà la source bien identifiée de pollutions du dimanche par émissions de dioxines. Une étude de l’Agence Danoise de Protection de l’Environnement publiée en 2002 montre que la combustion de 2 kg de briquettes de charbon de bois au cours d’une appétissante barbecue-partie de deux heures incluant “une grillade de quatre steaks, suivie par une grillade de quatre morceaux de dinde et finalement la grillade de 8 grosses saucisses “ relargue au total de 12 à 22 nanogrammes (ng) de dioxines. C’est l’équivalent de 120.000 à 220.000 cigarettes. Les concentrations moyennes mesurées dans l’air autour du barbecue sont de 0,6 à 0,7 ng par m3, soit 6 à 7 fois la norme autorisée pour les émissions des incinérateurs d’ordures ménagères en sortie de cheminée.

Robin des Bois demande que l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) émette un avis sur l’emploi unique en France de charbon à usage alimentaire fabriqué à base de déchets industriels spéciaux, et sur les conséquences sanitaires de l’inhalation des fumées de barbecues.

 

 

 

 

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