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7 avril 2011

Séisme et tsunami au Japon
Communiqué n°14

 

La mer est toujours considérée comme une poubelle. Les lâchers radioactifs japonais sont renforcés par le relâchement de la vigilance. Ce qui se passe dans l’Océan Pacifique est peut-être inéluctable. Ce n’est pas pour autant excusable et banalisable comme le font bien des scientifiques experts en dispersion et en comparaisons hasardeuses. Une telle pratique serait impossible dans l’Atlantique du Nord Est. Les Etats-Membres de la convention OSPAR y suivent pas à pas le lent cheminement jusqu’en Arctique de l’iode 131, du césium 137 et du plutonium rejetés par les installations nucléaires dans la Manche et la Mer du Nord.

Pour réduire les risques de contamination radioactive des ressources marines, la stratégie d’OSPAR, à laquelle se conforment chacun des 15 Etats-membres, dont la France et la Grande Bretagne vise à accéder en 2020 à des rejets radioactifs ou à des émissions et pertes radioactives proches de zéro. Après un évènement analogue à celui du Japon, la pêche serait progressivement interdite dans la Manche, la Mer du Nord, les eaux subarctiques et arctiques.

L’Asie n’a pas ce privilège et ce bouclier. C’est chacun pour soi et le nucléaire pour tous. L’Etat japonais dégaine encore une fois le coup du cercle parfait qui exclut la pêche dans un rayon de 20 km autour du site nucléaire de Fukushima Daiichi. Est-ce que les poissons migrateurs, les dauphins, les crustacés et les courants sont aussi exclus de cette zone ?

Un courant circulaire est susceptible de concentrer les polluants et les déchets flottants au large de Sendaï. Les déchets flottants adsorbent des micropolluants chimiques et radioactifs. Certains d’entre eux, les films de plastique, peuvent être ingérés par des cétacés. Un courant local longe la côte Est du Honshu, île principale de l’archipel nippon, depuis le nord jusqu’à Tokyo au sud. C’est une extension de l’Oyashio, un courant froid qui vient de l’Arctique. Il passe en face des réacteurs et stockages de combustibles de Fukushima- Daiichi et juste au nord de la capitale japonaise, prend le large. Il est alors absorbé par le Kuroshio, « le courant noir », qui vient des Philippines et atteint le sud du Japon autour des îles Ryukyu. C’est un courant chaud. La convergence du chaud, le Kuroshio et du froid, l’Oyashio, déclenche une production planctonique intense, pierre angulaire d’une biodiversité marine et d’une chaîne trophique exceptionnelles avec au sommet de nombreuses espèces de cétacés. Le Kuroshio et la dérive orientale de l’Oyashio forment à la hauteur du 40ème parallèle le courant du Pacifique Nord. Il est giratoire et se dirige vers la Californie avec une extension vers l’Alaska. Il revient ensuite vers les Philippines puis le Japon. Ce voyage dure 3 à 4 ans.

Le rôle climatique et biologique du Kuroshio est tel qu’en 1970, un programme de coopération scientifique internationale, le CSK (Cooperative Study of the Kuroshio) a été lancé entre la Chine, l’Indonésie, le Japon, la Corée du Sud, les Philippines, l’Union Soviétique, la Thaïlande, le Vietnam, Hong Kong, Singapour et les Etats-Unis. Cette coopération internationale a été interrompue en 1977.

L’inventaire des zones d’accumulation préférentielle des polluants chimiques et radioactifs transportés et sédimentés par ces courants de surface est imprécis. Cependant, dans le cadre de l’étude sur la dérive des déchets flottants dans l’Océan Pacifique, de vastes zones centrées autour des îles Hawaï et au large du Japon ont été repérées. Les courants profonds du Pacifique du Nord Ouest sont très mal connus.

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