L’Europe – Un marché libre pour le commerce de l’ivoire ?
Les défenseurs de l’environnement exhortent l’Union Européenne – le plus gros exportateur d’ivoire prétendument “ancien” – à interdire tout commerce de l’ivoire
Bruxelles / 2 Juin 2014. A la veille de réunions inter-gouvernementales à Bruxelles et à Genève aux mois de juin et de juillet pour débattre du sort des éléphants, une coalition d’ONG environnementales demande à tous les gouvernements de l’Union Européenne de stopper sans délais tout commerce de l’ivoire et de détruire leurs stocks résiduels. De nouvelles données montrent une augmentation des exportations d’ivoire à partir de l’Union Européenne vers la Chine et le monde entier. Les ONG lancent l’alerte : les vides juridiques dans l’encadrement du commerce de l’ivoire sont une opportunité pour blanchir de l’ivoire provenant d’animaux braconnés en l’introduisant dans les circuits « légaux», suscitant ainsi de nouveaux abattages d’éléphants.
Les éléphants menacés par les retraités de la Côte d’Azur
La France, premier pays européen à avoir détruit ses stocks d’ivoire illégaux -3,4 tonnes en février 2014-, devient parallèlement une plaque tournante du commerce international de l’ivoire. Par l’intermédiaire de l’hôtel des ventes de Cannes, les défenses brutes ou travaillées de 42 éléphants ont été mises en vente le 8 mars et le 3 mai 2014. Elles cumulent un poids de 1,4 tonne. A en croire les propos du directeur de Cannes Enchères, la Côte d’Azur serait peuplée d’anciens travailleurs expatriés en Afrique revenus les mains pleines et souhaitant améliorer leur pension pour couler des jours paisibles face à la Méditerranée, loin des rafales des AK47 qui harcèlent les éléphants d’Afrique.
L’interdiction du commerce de l’ivoire est indispensable pour sauver les éléphants
Les dirigeants du monde se rencontrent à Londres le 13 février au sommet organisé par le Premier Ministre Britannique David Cameron en présence du Prince Charles et du Prince William. Il s’agit de faire face à l’escalade du braconnage qui décime les espèces sauvages emblématiques. A cette occasion, 23 organisations de défense de l’environnement, des animaux et de la condition animale réparties dans 14 pays en Asie, en Afrique, en Europe et en Amérique du Nord appellent à une interdiction permanente des marchés internationaux et nationaux de l’ivoire et à la destruction de tous les stocks d’ivoire détenus par les gouvernements.
Tchin Chine pour les éléphants !
La Chine détruit aujourd’hui de l’ivoire illégal saisi à ses frontières et sur son territoire.
Conformément aux décisions de la CITES*, les courtiers agréés par le gouvernement chinois ont acheté aux enchères 60 tonnes d’ivoire en 2008 à 4 pays d’Afrique australe, le Zimbabwe, le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud. Le prix moyen d’achat a été de 157 US$/kg, dix fois moins que sur le marché noir de l’époque. Les défenses d’éléphants ont ensuite alimenté 172 ateliers et magasins de détails bénéficiant d’une licence spécifique.
L’ouverture d’un marché restreint de l’ivoire légal a provoqué un raz de marée de l’ivoire illégal pour satisfaire une demande croissante et diversifiée en Chine. Des commerçants dûment enregistrés complètent leur stock légal avec de l’ivoire de contrebande et des sites internet proposent de l’ivoire issu du trafic international.
L’ivoire à la casse
Robin des Bois a formulé depuis 6 mois des demandes officielles auprès du gouvernement français pour que les ivoires illégaux accumulés depuis plusieurs décennies soient détruits et que les inventaires des stocks soient publiés en toute transparence.
Après quelques hésitations, la France a finalement décidé de procéder à cette destruction. L’inventaire des lieux de stockage et des quantités d’ivoire est en cours de réalisation. Des greffes de tribunaux, des Muséums d’Histoire Naturelle, des entrepôts douaniers sont concernés. Le cumul des ivoires pourrait atteindre plusieurs dizaines de tonnes. Seuls quelques ivoires seront conservés pour des raisons scientifiques et pédagogiques.