Fête du cinéma : Gaumont présente sa superpollution
Depuis février 1998, Gaumont Cinéma tourne un film catastrophe dans la banlieue du Havre sur les communes d’Harfleur et de Montivilliers, en bordure de la Lézarde, la rivière locale, et du centre commercial du même nom.
Scénario :
Gaumont Cinéma achète en 1996 une parcelle de 2 hectares pour la somme de 7 millions de francs. Cette parcelle, grâce aux observations des riverains et de Robin des Bois, se révèle être une décharge sauvage exhaussée par des boues toxiques extraites du fond de la rivière contaminée et des résidus de l’incinérateur vétuste et brûle-tout de l’agglomération urbaine et industrielle du Havre.
Arsenic et vieilles poubelles
Tranquillement, Gaumont Cinéma continue la construction d’un complexe multisalles dans la banlieue du Havre, sur un terrain marécageux et inondable exhaussé avec des mâchefers, des cendres, des bidons, des plastiques, du lisier, des boues toxiques. Les mâchefers et les cendres relarguent dans un sous-sol détrempé l’arsenic et les dioxines de l’incinérateur de la ville du Havre. L’incinérateur d’ordures ménagères et de déchets industriels banals du Havre n’est pas un modèle du genre. Les 8.000 tonnes de mâchefers incriminés ont été amenés en 1988 et c’est seulement en 1996 que l’UIOM du Havre a été équipée d’un séparateur de mâchefers d’une part et des cendres et résidus d’épuration d’autre part. Les cendres et REFIOM contiennent des dioxines. Il reste en France 4 incinérateurs de ce type et leurs déchets sont tous envoyés dans des centres de stockage spécialisés.
Fast Food et Mâchefers
Depuis ce matin, les travaux préliminaires à la construction d’un restaurant fast food et d’un complexe cinématographique ont débuté sur les terrains attenants à la zone commerciale de la Lézarde à Harfleur. Depuis décembre 1996, des riverains et l’association Robin des Bois ont alerté les pouvoirs publics sur la mauvaise qualité géologique du terrain concerné qui pendant un nombre d’années indéterminées a servi de déposante à des entrepreneurs et industriels de la région. Le communiqué de Robin des Bois en date du 26 décembre 1996 indiquait que “des strates de déchets divers y ont été déposés au fil des années”. Des témoignages convergents ont en particulier attesté du déversement de mâchefers et cendres sous-produits par l’incinérateur d’ordures ménagères du Havre. L’incinérateur du Havre n’étant pas à cette époque équipé d’un système de séparation des mâchefers et des cendres et autres résidus d’épuration de fumées, il est certain que ces déchets d’incinérateur sont particulièrement toxiques et contiennent un taux anormal de dioxines.
Les balades interdites des mâchefers du Havre
Objet : gestion des déchets au Havre
La station de maturation des mâchefers en cours d’implantation au lieu-dit les Gabions n’est pas acceptable en l’état. Le procédé Scorcim en cours de mise au point n’est pas validé par le Ministère de l’Environnement. La qualité géotechnique de tels mâchefers n’est pas assurée et leur innocuité environnementale n’est pas garantie. Les mâchefers de l’incinérateur en activité dans le quartier des Neiges contiennent un pourcentage important d’imbrûlés, mélangés avec des cendres volantes. D’autres voies sont ouvertes dans le domaine des granulats de substitution, autres que l’utilisation de sous-produits de l’incinération, comme la récupération et le recyclage des gravats de démolition. La zone des Gabions, sur la commune de Gonfreville-l’Orcher devient en vérité un dépotoir à déchets, implantée sur une zone humide utilisée comme aire de repos par les oiseaux migrateurs ; le transfert des polluants vers l’estuaire de la Seine et le réseau de canaux et bassins du port du Havre n’est pas étudié. Outre le centre expérimental de dégradation biologique des déchets d’usines à gaz de GDF, la plate-forme de démantèlement de l’usine Norsk Hydro et le tumulus de phosphogypses – ces deux sites sont inscrits à l’inventaire des sites pollués de l’Agence Nationale des Déchets Radioactifs (ANDRA) – la même zone sert de transit aux “cendres fraîches” de la centrale thermique du quartier de l’Eure.