(Paris, France – 13 décembre 2012) – Dans la perspective de la prochaine conférence des parties à la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) qui se tiendra en mars 2013 à Bangkok (Thaïlande) et au menu de laquelle figure l’ours polaire et le commerce de ses parties, 13 associations françaises* de conservation de la nature et de protection des animaux, membres de la « Coalition Ours Polaires », appellent le gouvernement français à soutenir l’initiative américaine visant à interdire le commerce international des ours polaires et de leurs parties qui sera discutée à cette occasion.
Dans un courrier adressé en début de semaine à Madame Delphine Batho, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie, la Coalition rappelle que la demande pour les parties d’ours polaires -telles que les peaux- est en expansion alors que les ours polaires sont déjà gravement menacés par la perte de leur habitat due au changement climatique et par d’autres facteurs environnementaux. Entre 2007 et 2012, le nombre de peaux d’ours polaires proposées lors de ventes aux enchères de fourrures au Canada a plus que triplé. Les prix d’achat ont doublé.
« En Chine ou en Russie, le prix peut atteindre 100 000 USD pour l’acquisition d’une peau car cet animal est rare. Cet engouement est inquiétant. Au Canada, il encourage une hausse des quotas de chasse au sein de populations d’ours polaires déjà fragilisées. Le commerce international des ours polaires et de leurs parties représente une menace sérieuse pour l’espèce. Il doit être interdit et la CITES offre cette possibilité» souligne Céline Sissler-Bienvenu, directrice d’IFAW France, porte-parole de la Coalition.
Alors qu’il ne subsiste plus que 20 000 à 25 0000 ours polaires à l’état sauvage, le Canada qui en compte 15 000, est le seul pays continuant à autoriser chaque année, l’abattage de 600 ours polaires afin d’alimenter la chasse de subsistance, la chasse sportive, mais aussi le commerce international. Ainsi, en 2011, les parties de 441 ours polaires ont fait l’objet de transactions commerciales internationales.
Pourtant, l’avenir de cette espèce emblématique est sombre. Les scientifiques prédisent que les 2/3 des ours polaires pourraient disparaître d’ici à 2050.
« Si le changement climatique est incriminé en premier lieu, il ne faut pas oublier que le déclin des populations d’ours polaires est le fruit d’une combinaison de menaces : l’augmentation des activités industrielles dans l’Arctique, l’exposition des ours polaires aux contaminants chimiques comme le mercure et les PCB mais aussi le commerce international. Cette dernière menace peut être rapidement éradiquée sous l’égide de la CITES et la France a un rôle à jouer» rappelle Charlotte Nithart, directrice de l’association Robin des Bois, porte-parole de la Coalition.
Les Etats-Unis – soutenus par la Russie – ont rédigé une proposition visant à transférer l’ours polaire de l’annexe II à l’annexe I de la CITES. Ce transfert permettrait d’accroître le niveau de protection de cette espèce en interdisant le commerce international de ces individus ou de leurs parties.
Dans quelques jours, l’Union européenne (UE) devra se positionner sur cette proposition. Alors que plusieurs Etats membres de l’UE y sont favorables, la France garde le silence.
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Notes aux rédacteurs :
• *Les associations membres de la Coalition Ours Polaires : Robin des Bois, IFAW France, Fondation Brigitte Bardot, One Voice, Sea Sheperd France, 30 millions d’amis, la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), l’Association AVES France, L214, le CRAC, Ecologie sans Frontière, les Amis de la Terre et ASPAS.
• L’aire de répartition de l’espèce compte 5 états : Les Etats-Unis, le Canada, la Russie, le Groenland (Danemark) et la Norvège.
• Il existe 19 sous-populations : 1 est actuellement en augmentation principalement en raison d’une réduction des quotas de chasse, 3 sont stables et 8 en déclin. Concernant les 7 autres sous-populations, les données disponibles sont insuffisantes pour évaluer la tendance actuelle.
• La base de données de l’UNEP-WCMC CITES 2012 sur le commerce indique qu’entre 2001 et 2010, 32 350 spécimens d’ours polaires (morts ou vivants, et leurs différentes parties) ont été commercialisées au niveau international, y compris 4 327 peaux, 3 080 morceaux de peau, ainsi que plus de 5 700 griffes et dents.
• L’inscription de l’ours polaire à l’Annexe I concerne le commerce international et ne remet pas en cause la pratique de la chasse de subsistance traditionnelle des Inuits ou le commerce éventuel des spécimens d’ours polaires à l’intérieur de chaque pays de l’aire de répartition.
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