La marée noire anonyme
Les voix de l’océan sont impénétrables. Ils sont quelques-uns à savoir mais ils se taisent. Depuis le mois d’août 2019, le Brésil est touché par une marée noire dont l’origine reste à ce jour incertaine. Plus de 2200 km de plages, mangroves et côtes rocheuses sont souillés. Début décembre, des arrivées sporadiques sont signalées jusqu’au nord de Rio de Janeiro. Après un élan de curiosité et l’émotion des photos, le silence est retombé sur cette marée noire venue de nulle part. La solidarité internationale est restée muette comme s’il était impossible de tomber à bras raccourcis sur le Brésil à cause des feux en Amazonie et en même temps de lui tendre la main à l’occasion d’une calamité maritime. Toutefois, le CEDRE (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux) a proposé ses services par les canaux de la diplomatie française mais il n’a pas reçu de réponse officielle.
20 ans après le naufrage de l’Erika
Un naufrage comme celui de l’Erika en 1999 est-il encore possible aujourd’hui sur la façade Atlantique (golfe de Gascogne, Manche, mer du Nord) ?
Les tankers avec un profil comparable à celui de l’Erika (état vétuste, simple coque, voué à la démolition, armateur amateur) sont partis à la casse dans le sous-continent indien, ou bien sont cantonnés dans des trafics interafricains ou inter asiatiques. Les risques ne sont pas supprimés, ils sont déportés. En 2019, le bulletin “A la Casse” de Robin des Bois constate que des simples coques continuent de partir à la démolition et étaient donc toujours exploités hors des eaux européennes.
Echouement en Corse
Mis à jour le 16 octobre 2019
West-Trade Logistic GmbH, l’armateur du Rhodanus, est allemand. A cause de la libéralisation du transport maritime, le cargo est immatriculé sous le pavillon de complaisance d’Antigua & Barbuda. Grâce à cette délocalisation, West-Trade Logistic GmbH exploite un équipage qui ne bénéficie pas des normes sociales européennes. Pour preuve, les déficiences relevées par les inspecteurs de sécurité maritime à Séville en janvier 2018 (fatigue de l’équipage), à Bizerte en mars 2017 (conditions de travail) ainsi que, régulièrement, des manquements relatifs à la convention internationale du travail maritime (MLC, Maritime Labour Convention).
Depuis la Corse jusqu’à Alang
Dernières nouvelles, 31 janvier 2019
Annoncé en Inde, le CSL Virginia devenu le Virgin Star s’est finalement dirigé vers le Bangladesh. Un chantier l’a acheté au tarif de 488 US$ la tonne, la fourchette haute des prix dans les chantiers de démolition.
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CSL Virginia
Dépêche n°6 – 13h
Eperonné le 7 octobre 2018 par un ferry tunisien alors qu’il était au mouillage au large du Cap Corse, le porte-conteneur CSL Virginia a semé une marée noire qui s’étend depuis Saint-Tropez (Var) jusqu’à Cerbère (Pyrénées-Orientales).
Une cascade de boulettes made in Med
CSL Virginia
communiqué n°5 – 15h00
Mouillage sur la bande d’arrêt d’urgence
15h45 – Communiqué n°3.
Le CSL Virginia était au mouillage pour un temps indéfini à l’intersection des routes des car-ferries reliant les ports italiens, français, espagnols, la Corse et la Tunisie (carte n°1).
Une marée noire obscure
12h15 – Communiqué n°2.
Seize jours après la collision au large du Cap Corse entre l’Ulysse et le CSL Virginia et la perte déclarée d’au moins 600 tonnes de fioul depuis une soute à carburant du CSL Virginia,
Accident de la route en Méditerranée
9h50 – Communiqué n°1.
Mouillage incongru pour une période indéterminée du CSL Virginia, porte-conteneurs chypriote en chômage et en attente d’une offre de travail.
Les déchets de l’« Amoco Cadiz » et « autres » comme si vous y étiez
L’inventaire consolidé des sites de déchets de marées noires a été réalisé grâce à l’obstination de Robin des Bois. Certains élus locaux qui ne sont plus aux affaires ont parfois parlé de harcèlement. La saisine du BRGM – Bureau de Recherches Géologiques et Minières – par le ministre d’Etat Jean-Louis Borloo en 2009 a fait notamment suite à plusieurs plaintes déposées par Robin des Bois en 2007 pour abandon de déchets dangereux auprès des procureurs de Morlaix, de Brest, de Guingamp, de Saint-Brieuc, de Quimper. Ces plaintes ont été classées sans suite “pour infractions insuffisamment caractérisées”. Elles ont cependant fait l’objet d’enquêtes préliminaires notamment pour les déchets du Torrey Canyon dans les Côtes d’Armor et les procès verbaux ont contribué à l’élaboration de l’inventaire.
L’Amoco Cadiz reprend la mer
La région Bretagne exporte 20.000 t de déchets de l’Amoco Cadiz. Le Peak Bordeaux est à quai à Brest en train de charger en vrac 3200 t de ces déchets provenant de l’excavation d’un polder portuaire qui doit être reconverti en terminal dédié aux énergies marines renouvelables (EMR). Selon l’appel d’offres « Projet de développement du Port de Brest – 2016» : « un quart des sondages réalisés présente au moins une concentration supérieure aux valeurs seuils d’acceptation en ISDI* fixées par l’arrêté du 12/12/2014. Deux types d’impacts se distinguent :
– la zone à l’Est du CEDRE impactée principalement en huiles minérales mais également en HAP**, BTEX*** et PCB****. Cet impact semble lié à la présence supposée de résidus plus ou moins chaulés de la marée noire liée au naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 ;
– des impacts ponctuels dont l’origine, non identifiée, est vraisemblablement liée à l’hétérogénéité des remblais et des dépôts qui ont été réalisés sur le polder.»