45ème réunion de la CBI – commentaires de Robin des Bois

14 mai 1993

Kyoto

 

Les débats se sont déroulés avec un absolu manque de sérénité et de courtoisie. Chaque matin, délégués et observateurs avaient à se frayer un passage à travers une haie de manifestants vociférants, affiliés au “All Japan Seamen’s Union” et aux partis d’extrême droite liés à la mafia et au gangstérisme japonais. Dans son discours d’ouverture, le responsable de la délégation japonaise a aimablement traité les baleines de “vaches sacrées de l’Occident”. Un cocktail officiel a servi des morceaux choisis de baleine.

La Commission Baleinière se sclérose. Il n’y a pas de nouveaux pays depuis plusieurs années, sauf des micro Etats insulaires des Caraïbes et du Pacifique (Sainte-Lucie, Grenadines et Saint-Vincent, Iles Salomon) qui ont des accords de réciprocité avec le Japon. Aucun Etat d’Afrique (sauf l’Afrique du Sud), aucune ONG africaine, arabe, asiatique.

La proposition française sur le sanctuaire baleinier en Antarctique, inscrite à l’ordre du jour de la réunion plénière de la CBI, a été jugée positive, mais insuffisamment étayée. Elle n’aurait pu obtenir les ¾ des votes nécessaires à son adoption. Elle a été remplacée par une résolution préparée par la Suisse. Cette résolution, adoptée après une guérilla de procédure, accepte l’invitation du gouvernement australien d’organiser, d’ici la fin de l’année, une réunion intermédiaire au cours de laquelle seront abordés “les thèmes politique, écologique, géographique, et financier du sanctuaire baleinier en Antarctique”. Une nouvelle proposition complète de sanctuaire baleinier en Antarctique devrait donc être soumise à la prochaine réunion de la CBI qui se tiendra l’été prochain au Mexique.

L’interdiction de la chasse commerciale est maintenue.

La Norvège, si elle reprend la chasse en juin 1993, le fera en infraction avec la CBI, elle s’exposerait aussi et surtout au boycott des mouvements écologistes qui prendraient pour cible les produits de la mer et les croisières du groupe Kloster, propriétaire du Norway, ex-France.

Le Japon n’a pas obtenu le quota de 50 baleines (rorquals de Minke) qu’il réclamait à titre “humanitaire” pour soulager la “détresse sociale et culturelle” de 4 communautés de pêcheurs réparties sur la côte Pacifique. Selon les explications de la délégation japonaise, la viande de baleine devait être distribuée dans des collectivités régionales, les écoles, les hôpitaux. Le délégué hollandais a résumé l’opinion prédominante en soulignant qu’”au Japon la viande de baleine est servie avec du caviar et que tout prouve qu’en fait, la viande des 50 baleines serait l’occasion de se livrer à un commerce fructueux”.

Grâce à une résolution présentée par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, le whale watching a été introduit au sein de la CBI. Le whale watching, (observation touristique des baleines) permet d’exploiter les baleines sans leur nuire et a rapporté, en 1991, 320 millions de dollars à travers le monde. Le Japon a recommandé qu’une partie de cet argent serve à financer la CBI.

Les dauphins rentrent par la petite porte dans la CBI, presque par effraction, victimes dans toutes les mers du globe de captures involontaires ou volontaires, rentrant même dans les habitudes alimentaires (Pérou, Philippines, Sri-Lanka, Japon), confrontés à la dégradation des milieux côtiers ou estuariens, ils payent un très lourd tribut aux activités humaines. Il a été décidé de multiplier la coopération internationale, de faire un inventaire scientifique des populations de dauphins menacées de disparition. Mais la CBI, répugnant à être concrète, a, au dernier moment, refusé de débattre en séance plénière du sort des “Baiji”, dauphins d’eau douce menacés d’extermination par le barrage des 3 Gorges sur le Yang Tsé en Chine, ou des “Vaquita” décimés par les filets des pêcheurs dans la Mer de Cortez au Mexique.

 

 

 

 

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