« A la Casse » n°62
numéro double, octobre novembre-décembre 2020-janvier-février-mars 2021
122 pages, 112 sources, 381 photos
« A la Casse » est un observatoire inattendu et privilégié pour analyser les tendances du business mondial et pour repérer ses travers.
Le prix moyen à la tonne des navires partis à la démolition est en augmentation. Il atteint des pics de 750 à 850 US$ pour les tankers dont les citernes sont en acier inoxydable (cf. p. 13).
Entre octobre 2020 et mars 2021, les 342 navires partis à la casse ont fait valser les dollars sur les chantiers de démolition asiatiques et sur les paradis de la détaxe et de la simplification fiscale. A ce jeu, les Iles Vierges Britanniques ont brillé de mille feux. Au moins 40 millions d’US$ issus de la démolition en Inde, au Pakistan et au Bangladesh ont transité par ce territoire de 151 km2 sous tutelle du Royaume-Uni. La seule vente du Berge Kibo à la ferraille a rapporté 16 millions d’US$ à la Silver United Ltd enregistrée au registre de commerce de ces îles caraïbes (cf. p. 102).
Le Sichem Pandora connu de sinistre mémoire pour son délit de fuite après une collision avec le bateau de pêche français Klein-Familie en 2006 a fini par être démoli en Inde (cf. The END, p. 120-122 et p. 74).
Le Mero Star et le Raouf H (p. 31 et 33) sont partis à la casse en Turquie. Ils venaient d’arriver à Beyrouth avec du blé quand ils ont été frappés par l’explosion du nitrate d’ammonium oublié dans le hangar n°12 le 4 août 2020.
Un usurpateur, le soi-disant Talent Ace avec un faux n° OMI et un pavillon togolais a été saisi en Corée du Sud et démoli sur place. Sous l’appellation de Talent Ace se cachait le Xin Sheng Hai compromis en 2017 dans un trafic de charbon avec la Corée du Nord (cf. p. 40).
Les paquebots pleins d’amiante et de souvenirs font la queue dans les aires d’attente des ferrailleurs. D’autres font l’objet de projets mirifiques, tendance bitcoin. C’est le cas du Satoshi (cf. p. 15-16)
Le tanker Sam, ex-Samho Crown, a été démoli au Pakistan. Fin janvier 2020, pendant des opérations d’inertage au large des Émirats Arabes Unis, une citerne a explosé faisant 5 morts et 8 blessés. Le tanker est arrivé en l’état avec ses cendres et ses ferrailles tordues dans un chantier du Pakistan. L’histoire cruelle pour les équipages de ce tanker maudit est détaillée p. 69-70.
Sam, 27 novembre 2020, en approche des chantiers de démolition. © Gadani Ship Breaking Yard
Trois navires impliqués dans des trafics de cocaïne ont été démolis, le B Atlantic, le Blue Sea et le Nehir. Ce dernier filou a subi une démolition radicale et originale puisqu’il a été sabordé par son équipage dans le golfe de Gascogne (cf. histoire et cartographie p. 6-7).
La pandémie Covid-19 est meurtrière en mer à l’exemple du suicide d’un jeune homme de 23 ans qui était à bord du Sea Princess depuis 13 mois (cf. p. 70) et dans les chantiers de démolition. Les paquebots, les tankers et les vraquiers affluent alors qu’il y a une pénurie de main d’œuvre pour cause de confinement ou de contamination. Les ouvriers sont exposés à des risques aggravés de fracture, d’écrasement ou d’intoxication (cf. « La mort sur les chantiers », p. 4-5).
Dans le flot d’informations de « A la Casse » il y a aussi des bonnes nouvelles. Les ex-supertankers désignés sous le vocable de VLCC (Very Large Crude Carrier) reconvertis en super minéraliers VLOC (Very Large Ore Carrier) (p. 102-105) sont pour la plupart partis à la casse. Leur fragilité structurelle avait été révélée par le naufrage du Stellar Daisy dans l’Atlantique Sud le 31 mars 2017 (22 disparus en mer, 2 rescapés). D’autre part, « A la Casse » constate qu’à un rythme lent mais progressif, de plus en plus de chantiers agréés par l’Union Européenne prennent livraison de tankers pétroliers ou chimiquiers, ce qui à terme évitera de nombreux convoyages à risque entre la Russie, la Scandinavie et les chantiers turcs ou asiatiques.
Lien vers « A la Casse » n°62 (pdf – 19,6 Mo)
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