“A la Trace” n°38,
le bulletin de la défaunation
1584 évènements sourcés, vérifiés, analysés, commentés, consolidés entre le 1er octobre et le 31 décembre 2022
397 documents iconographiques 12 cartes et des archives historiques
(pdf, 256 pages – 8,9 Mo)
Trogonoptera brookiana. Photo 葉烽
Le trafic d’ânes entre Israël et l’Egypte via la Palestine est en partie interrompu grâce à une entente furtive entre un ami des animaux à Gaza et une amie des animaux à Netanya (Israël). En Egypte, la peau, les sabots et les pénis des ânes sont découpés puis expédiés en Chine pour le marché de l’ejiao et des soi-disant compléments alimentaires et sexuellement roboratifs.
“On peut mesurer la grandeur et le progrès moral d’une nation en observant comment elle traite ses animaux” (tweet de l’Indian Railway Protection Force le 3 octobre 2022 dans le cadre de l’opération Wilep contre la contrebande de faune sauvage à bord des trains de voyageurs).
De plus en plus d’empoisonnements
Les poisons les plus employés sont le carbofuran, la strychnine et des anti-limaces au métaldéhyde : un tigre en Inde, un tigre au Népal, 3 léopards en Inde, 18 lycaons ou loups peints au Malawi, un ours noir américain aux Etats-Unis (Michigan), 35 vautours africains et 5 aigles ravisseurs en Afrique du Sud, des aigles des steppes au Kazakhstan, un pygargue à queue blanche en Irlande, 5 faucons pèlerins en Allemagne, des milans royaux en Espagne, 3 vautours en Grèce, une buse variable et un milan royal au Royaume-Uni, 5 pygargues à queue blanche (ainsi que 2 renards et 3 chiens) en Serbie. Une tentative d’empoisonnement de loups en Allemagne (Bavière) s’est soldée par la mort de 6 chiens et de 2 chats. Les hérissons sont particulièrement exposés. Les appâts sont imprégnés de poisons agricoles concentrés. Un garde-chasse a été condamné à 200 heures de travail d’intérêt général et 1320 US$ d’amende au Royaume-Uni pour l’empoisonnement de 4 buses variables et un éleveur de pigeons à 3 ans de prison avec sursis pour l’empoisonnement de 2 milans royaux, de 2 renards et de 3 fouines en Tchéquie.
Dans ce pays, 2 retrievers de la baie de Chesapeake, Victory et Irbis, et en Italie, plus de 20 bergers malinois et labradors, sont spécialistes de la détection d’appâts empoisonnés. Ils sont aussi chargés de détecter les appâts dans les bois à truffes du Piémont. Certains cueilleurs de truffes cherchent à éliminer les chiens des concurrents. D’autres chiens comme l’inspecteur Beagle en Thaïlande et Carlo en Hongrie se sont signalés en repérant de la viande de chauve-souris fumée dans des valises et le cadavre d’un vautour moine abattu par un braconnier. En Inde, Topsi, un autre chien pisteur, a “marqué” le cadavre d’un lion électrocuté et des cendres et os de lion enterrés. En Afrique, de nombreuses brigades K9 participent à l’arrestation de braconniers de pangolins, de rhinocéros et d’autres mammifères. Le nom K9, “K-nine” en anglais, découle de celui du chien-robot du “Docteur Who”, dans la série de science-fiction des années 1970.
De plus en plus d’électrocutions
Le sous-continent indien est frappé. Les lignes électriques sont détournées. 13 éléphants en Inde, un au Népal, un au Bangladesh. Les poissons et mammifères marins ne sont pas épargnés : un plataniste du Gange au Pakistan, des salmonidés en Russie. Le fléau s’étend à l’Europe : 1600 kg de poissons ont été pêchés à l’électricité en Italie du Nord et commercialisés par contrebande à l’Est de l’Europe.
De plus en plus de constats de pêche à l’explosif
Six interventions des patrouilles nautiques en Indonésie, 3 en Malaisie, 2 aux Philippines, 2 au Vietnam. Des gels explosifs au nitrate d’ammonium utilisés dans les mines sont détournés de leurs usages. Gros trafic entre l’Inde et le Sri Lanka. Les autorités luttent en même temps contre le braconnage des poissons et le terrorisme.
De plus en plus de trafic mixte de faune sauvage et de stupéfiants
Ivoire d’éléphant et méthamphétamine en Afrique du Sud, ours noir américain et marijuana aux Etats-Unis, ouistiti à pinceaux blancs et cannabis en France, tortues d’Hermann, amphétamine et marijuana en Serbie, ormeaux et mandrax en Afrique du Sud…
Ciblage par les douaniers
A Hong Kong, des trafiquants ont eu la mauvaise idée de déclarer à l’import que 8 conteneurs maritimes contenaient des granulés de plastique et 4 autres des appareils ménagers. La Chine en étant la principale productrice, les douaniers étaient dubitatifs. A l’intérieur, il y avait en réalité 75.000 vinyles de musique classique, 15.000 bouteilles d’alcool et 22 tonnes de concombres de mer, de vessies natatoires, de branchies de raies manta et d’hippocampes séchés.
Ruses de trafiquants
– De l’huile de crocodile dans un colis déclaré contenir de “l’huile de massage”.
– Des coléoptères dans des colis déclarés contenir des “jouets en plastique”, des “fournitures de papeterie”, des “amuse-gueules”, des “friandises” ou des “cotons démaquillants”.
– Des scorpions dans des colis déclarés contenir des “confiseries”.
– Une dent de requin dans une cargaison déclarée contenir des “batteries au lithium-ion”.
– Toujours des ivoires travaillés dans des boîtes de lait en poudre et des perles en ivoire à l’intérieur de cannes à pêche.
– Un bébé atèle dans une boîte en bois déclarée contenir de la “bière”.
© US Immigration and Customs Enforcement
Le mystère des coupes Red Dragon Made in France remplies de venin de cobra ou présumé de cobra persiste. Les saisies remontent au “A la Trace” n°9 publié en juillet 2015. Elles sont régulières dans les numéros suivants. Il y en a 2 dans ce n°38. La filière se déploie au Bangladesh, en Inde et en Chine via le Népal. Certains articles de presse régionale ne mettent pas en doute l’origine France.
A ne pas manquer
– 2 trafics de singes pour l’expérimentation animale, “Sur le dos des douroucoulis en Colombie” et “Les tribulations d’un marchand de singes” entre le Cambodge et les Etats-Unis.
– “Hommage à l’aigle des steppes” (Kazakhstan).
– “Bordeaux, bordel exotique” (France).
– Les becs de pélicans frisés pour toiletter les chevaux en sueur (Mongolie).
– Le fiasco de l’introduction des guépards en Inde en provenance de Namibie et d’Afrique du Sud.
– L’introduction par contrebande en Inde d’animaux sauvages exotiques.
– Convoi sous escorte pour 19 cardinaux verts saisis en Argentine et relâchés dans des zones confidentielles. La valeur d’un spécimen atteint 860 US$.
– En Afrique du Sud, le braconnage des rhinocéros diminue dans le parc Kruger mais explose dans le KwaZulu-Natal.
Prix
Aujourd’hui, sur le marché noir, la cote d’un kilo d’ivoire de mammouth dépasse la cote d’un kilo d’ivoire d’éléphant (170 US$/kg au Zimbabwe et au Kenya pour l’ivoire d’éléphant contre 262 US$/kg pour l’ivoire de mammouth en Russie).
Un tigreau vivant (7 kg) saisi en Thaïlande venu par contrebande du Laos est estimé aux alentours de 40.000 US$.
C’est l’escalade pour les concombres de mer en Italie et en Grèce : 1400 et 2690 US/kg.
Le cachalot est aujourd’hui l’espèce à très haute valeur ajoutée. Un kilo de dents se vend 16.200 US$ sur le marché noir en Chine et un kilo d’ambre gris est coté autour de 121.000 US$ en Inde.
“A la Trace” n°38
https://robindesbois.org/wp-content/uploads/A_LA_TRACE_38.pdf
“A la Trace” est réalisé par l’ONG Robin des Bois depuis 2013 avec le soutien de la Fondation Brigitte Bardot, de la Fondation Franz Weber et du ministère de la Transition écologique français. “A la Trace” bénéficie du mécénat du groupe Séché Environnement.
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