La France est en train de commettre une erreur. Loin de son credo et de sa vitrine du développement et de l’aménagement durables, le Ministère de l’environnement refuse de proposer dans le cadre de la Convention de Washington des mesures de protection internationales susceptibles de sauver une espèce végétale en voie de disparition, le bois de rose, et l’activité artisanale qui en dépend.
Le Ministère va ainsi à l’encontre des constats scientifiques et des recommandations des professionnels utilisateurs de l’huile de bois de rose comme Chanel dans le secteur de la parfumerie ou l’Occitane dans le secteur de l’aromathérapie. Des sommités du monde associatif comme la SNPN (Société Nationale de Protection de la Nature) ou la Humane Society of the United States, 7 millions d’adhérents, souhaitent elles aussi cette protection internationale du bois de rose.
Le bois de rose est théoriquement protégé au Brésil, au Suriname et en Colombie.
Il ne l’est pas en Guyane Française.
La distillation du bois de rose est une activité artisanale employant au Brésil un millier de personnes. Associée à d’autres activités sélectives, elle pourrait freiner l’exploitation industrielle des forêts.
Alors que ce sont des ingénieurs français qui ont mis au point la distillation du bois de rose au début du siècle et que le bois de rose a été décimé en Guyane dès 1930, le gouvernement français, informé par Robin des Bois depuis novembre 1997, n’a pas jugé utile de rédiger une proposition d’inscription à l’annexe II de la Convention de Washington. Cette annexe est une annexe de précaution qui n’interdit pas le commerce mais amène les pays producteurs et les pays importateurs à contrôler le marché et à rassembler les informations scientifiques. Elle pourrait aussi permettre de revaloriser une matière rare et naturelle qui pour le moment est mélangée au Brésil avec de l’huile de synthèse. Lorsque le problème de la disparition d’une espèce n’est pas pris en amont, pendant qu’il en est encore temps, c’est l’annexe I interdisant le commerce international qui devient nécessaire.
La campagne de Robin des Bois met en évidence l’effacement de la France dans le domaine de la protection des espèces menacées d’extinction mais aussi l’insuffisance des mesures prises sur le strict plan national et particulièrement dans le département guyanais.
– Le gouvernement français a jusqu’au 12 novembre pour envoyer une proposition au Secrétariat de la Convention de Washington basée à Genève, une tâche réalisable tant les documents rassemblés par Robin des Bois et par le gouvernement des Etats-Unis sont consistants, cohérents et immédiatement mobilisables.
Bois de rose, dit pau rosa en brésilien (Aniba duckei, Aniba rosaeodora) : arbre du bassin amazonien de la famille des Lauracées répertorié vers 1760 en Guyane française. De couleur brun-rouge, le bois de rose peut atteindre 40 mètres à l’âge adulte. La distillation de son bois donne environ 1 % du poids en huile (7 à 12 litres pour 1 tonne).
Convention de Washington ou Cites: Convention internationale sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction dont 140 pays sont Parties.
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