L’huile de bois de rose ou pau rosa (Aniba duckei, Aniba rosaedora) est utilisée en parfumerie et en aromathérapie. 1 tonne de bois distillé produit entre 7 et 12 litres d’huile. Suite à la campagne de Robin des Bois sur l’extinction du bois de rose dans le bassin amazonien, Chanel, l’ONF (Office National des Forêts) et le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) finalisent un accord sur des essais de sylviculture, à partir de graines collectées et sélectionnées en Guyane française. La plantation, sur une parcelle de 25 hectares près de Kourou, devrait être visible à partir de 2001 et productive en 2015. Si tout se déroule comme souhaité, la plantation devrait assurer la consommation de Chanel pendant une centaine d’années. La Guyane française a été le point de départ de l’extraction de l’huile de bois de rose et de son emploi dans la parfumerie mondiale. Amorcés en 1890 sur le littoral de la Guyane, la prospection et l’abattage des bois de rose se sont développés très rapidement et sans contrôle.
Les principaux importateurs étaient en ordre décroissant la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, l’Angleterre et la Russie. Dès 1927 et malgré les assurances des “experts” forestiers, la ressource guyanaise s’est tarie. Le métier s’est alors transporté au Brésil.
Depuis l’été 1997, Chanel en collaboration avec une association brésilienne a tenté de dégager des modalités fiables visant à garantir la prise en compte des critères d’exploitation durable des arbres et la qualité de l’huile de pau rosa (nom brésilien du bois de rose). Mais ces recherches ont été vaines, en particulier à cause de la défection soudaine de 2 producteurs avec lesquels des pré-accords avaient été ébauchés.
Tous les partenaires du projet de sylviculture en Guyane espèrent que cette expérimentation contribuera à garantir l’avenir de l’espèce dans tout le bassin amazonien. Pour Robin des Bois, ce sera une des préoccupations du siècle prochain.
Au mois d’avril 2000, la 11ème réunion plénière de la CITES ou Convention de Washington s’ouvrira au Kenya. Cette convention placée sous la tutelle de l’Organisation des Nations-Unies porte sur le commerce des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction.
L’annexe II est une annexe de précaution qui, si elle est strictement observée, permet d’éviter l’annexe I qui interdit le commerce international. En décembre 1997, Robin des Bois a transmis au ministère de l’Environnement et au ministère des Affaires étrangères un dossier permettant de développer une proposition d’inscription du bois de rose à l’annexe II.
La Colombie, le Surinam et le Brésil ont inscrit le pau rosa sur la liste des espèces menacées. L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et le World Conservation Monitoring Centre (WCMC) le considèrent comme menacé d’extinction ou en danger. La Société Nationale de Protection de la Nature (SNPN) en France, la Humane Society of the United States, Rainforest Action Network et Environmental Defense Fund aux Etats-Unis sont favorables à l’inscription du Bois de rose à l’annexe II, de même que la Fédération Française des Industries de la Parfumerie. Le gouvernement des Etats-Unis, premier consommateur mondial d’huile de bois de rose, a produit au Comité plantes de la CITES qui s’est tenu en Australie en juin 1999 un document relatif à cette inscription. Pourtant, à 7 semaines de la date limite de dépôt des propositions au Secrétariat de la CITES, le groupe interministériel du gouvernement français n’a rien produit et n’a rien dit. Des mesures de protection internationales placées sous la responsabilité de la CITES sont une des solutions à mettre en œuvre pour sauvegarder le bois de rose. L’Etat français en tant que pays de l’aire de répartition, en tant que pays inventeur et opérateur de la distillation du bois de rose doit aussi prendre ses responsabilités et contribuer à la sauvegarde d’une espèce utile à l’écosystème amazonien et à l’économie régionale.
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